Publié le 17 décembre 2024
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La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), réunie ce 16 décembre à Yaoundé face au risque de crise économique, a appelé ses membres à des « efforts collectifs et concertés ». Dans un contexte « particulièrement difficile », cette session extraordinaire a permis « d’apprécier l’ampleur des défis » pour « éviter une crise économique et financière », selon les mots du président camerounais Paul Biya dans son discours final, qui souhaite des « actes concrets ».
Aucune mention de la dévaluation du CFA
Poursuite des réformes structurelles, consolidation budgétaire, politique d’endettement prudente, gestion de l’exposition des banques aux risques souverains, rapatriement des devises liées aux activités minières et pétrolières, figurent parmi les mots d’ordre listés dans le communiqué final de la Cemac. Ses États membres (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) y rappellent leurs engagements « en faveur d’une politique d’endettement prudente » tout en appelant leurs partenaires internationaux à une « mobilisation plus forte des ressources financières pour soutenir la transformation structurelle de la région ».
Le communiqué appelle aussi les partenaires internationaux à accompagner les pays d’Afrique centrale « dans le processus de rapatriement et de domiciliation des revenus pétroliers », la principale ressource régionale. Alors que différents médias ont évoqué ces derniers jours une possible dévaluation du franc CFA, la question n’est pas mentionnée dans le communiqué final.
À l’ouverture des débats, le président Biya a appelé à « une action urgente » face à une situation « préoccupante ». Le discours du chef de l’État camerounais était sa première apparition publique depuis son retour au Cameroun, le 21 octobre, après plusieurs semaines d’absence et de rumeurs sur sa santé. Si « des progrès sensibles ont été enregistrés depuis 2016 dans la mise en œuvre de certaines réformes structurelles […] le niveau de réserve des changes, passé de 2,3 mois en 2016 à 4,6 mois en 2023, connaît une tendance baissière », avec des perspectives « défavorables » pour le cours des matières premières, détaille le communiqué final.
Dans une analyse commune publiée en avril 2024, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale dressaient un constat sévère. « Malgré des années de revenus pétroliers soutenus et d’augmentation des dépenses publiques, les revenus réels dans la Cemac ont stagné au cours des trois dernières décennies » et son économie reste « largement peu diversifiée, trop dépendante du pétrole et avec un marché régional intérieur encore inexploité », dit cette note. Les inégalités de revenus restent « élevées par rapport aux autres pays et ne se sont guère améliorées au cours de la dernière décennie », relève cette analyse en déplorant « la mise en œuvre des réformes lente et stagnante ».
Indicateurs dans le rouge
Malgré les politiques de relance, la croissance économique régionale a chuté de 3,3 % en 2022 à 2,3 % en 2023 et elle devrait se situer à 3,7 % en 2024 puis 3 % en 2025, portée en particulier par les performances du Tchad et du Cameroun, selon le dossier officiel diffusé à Yaoundé. Concernant l’inflation (5,4 % en 2023), le seuil communautaire n’est plus respecté depuis 2022, en lien avec la hausse des prix des produits alimentaires liée à la guerre en Ukraine, selon la même source.
Le solde budgétaire de la Cemac devrait rester déficitaire à – 0,7 % en 2024 et se dégrader à – 1,9 % en 2025. « Cette dégradation serait due à la situation observée au Gabon, à travers l’accroissement des dépenses du fait des réformes et des autres mesures de développement en cours de mise en œuvre par les nouvelles autorités de ce pays », selon le dossier de presse.
(Avec AFP)
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