Publié le 20 juin 2024
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L’annonce de la Fédération tunisienne de football (FTF) a pris tout le monde de court. Le 14 juin, le bureau fédéral de l’instance a en effet décidé de nommer sélectionneur national Faouzi Benzarti, 74 ans. Le septuagénaire, qui est sous contrat avec le Club Africain de Tunis jusqu’au 30 juin et prendra ses nouvelles fonctions le 1er juillet, est tout sauf un inconnu dans son pays.
Ancien milieu de terrain au caractère bien trempé, Benzarti a fait sa carrière à l’US Monastir, le club de sa ville natale. Il a ensuite entraîné les meilleures équipes du Maghreb : Espérance sportive de Tunis, Étoile sportive du Sahel, CS Sfax, Club Africain (en Tunisie), Raja Casablanca, Wydad Casablanca (au Maroc) et MC Alger (en Algérie). Il a également fait des piges en Libye et aux Émirats arabes unis.
Au fil de cette longue carrière, Faouzi Benzarti s’est forgé un palmarès impressionnant en remportant vingt titres dans son pays et trois avec le Wydad. En octobre 2011, dans la foulée de la révolution tunisienne, il avait, par ailleurs, conduit une liste, Audace et ambition, dans la circonscription de Monastir, à l’occasion de l’élection de l’Assemblée constituante.
CAN 2025 et Mondial 2026
Contrairement aux usages, la FTF n’a pas lancé d’appel à candidatures avant de l’engager. La raison est en partie financière, comme l’explique un membre de l’instance, sous le couvert de l’anonymat : « Dans le contexte économique actuel, embaucher un étranger aurait été difficile. Pour un Européen, le salaire mensuel aurait été de 25 000 à 30 000 euros, et, comme il est très difficile de sortir des devises de Tunisie, cela aurait posé de gros problèmes. »
Selon nos informations, Benzarti, qui aura pour mission de qualifier son équipe pour la Coupe d’Afrique des nations 2025 et la Coupe du monde 2026, percevra un salaire d’environ 10 000 euros par mois, hors primes et avantages.
Son passage sur le banc de touche de la sélection est le quatrième de sa carrière. Les précédents avaient été éphémères : mars 1994 pour le premier, novembre 2009 à juin 2010 pour le deuxième, et juillet à octobre 2018 pour le troisième. Il succède aujourd’hui à un duo d’intérimaires, composé de Montassar Louhichi et d’Anis Boussaïdi.
Ces derniers avaient été nommés quelques jours après la démission de Jalel Kadri, à la suite du ratage total de la sélection tunisienne à la CAN en Côte d’Ivoire. Ils n’auront donc dirigé les Aigles de Carthage qu’à quatre reprises, notamment les 5 et 9 juin face à la Guinée équatoriale (1-0) et à la Namibie (0-0) en qualifications pour la Coupe du monde 2026.
Wassef Jlaiel, dirigeant provisoire
En Tunisie, le timing de la nomination de Benzarti a surpris. « Il est expérimenté, respecté, apprécié, mais le moment choisi pour le désigner étonne, en raison de la situation de la fédération », commente Ahmed Adala, journaliste à Mosaïque FM.
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L’instance est en effet provisoirement dirigée par Wassef Jlaiel, après l’annulation de l’élection du président, d’abord prévue en mars, puis en avril. La Fifa a accordé un délai supplémentaire – jusqu’au 15 juillet – à la FTF pour organiser le scrutin.
« Benzarti est légitime. Mais que se passera-t-il si l’élection se déroule en juillet et que le nouveau bureau fédéral remet ce choix en cause ? », s’interroge l’ancien international Nabil Kouki, désormais entraîneur. « Ne valait-il pas mieux attendre les résultats de l’élection pour choisir un coach ? D’autant que la sélection ne rejouera pas avant septembre, à l’occasion des qualifications pour la CAN 2025. »
La possibilité que Faouzi Benzarti soit rapidement démis de ses fonctions n’est donc pas exclue, surtout si le nouveau président et son bureau fédéral n’appartiennent pas à la même mouvance que l’actuelle direction. Réponse au cours de la deuxième quinzaine de juillet. En théorie…