Un rapport publié récemment par l’UNICEF en partenariat avec le Centre de Recherches et d’Études Sociales (CRES) et le ministère des Affaires sociales met en lumière une hausse alarmante de la pauvreté des enfants en Tunisie. Selon le document intitulé « L’impact de l’inflation sur la pauvreté en Tunisie (2021-2023) », la pauvreté infantile est passée de 26% en 2021 à 28,4% en 2023, tandis que l’extrême pauvreté des enfants a augmenté de 5,1% à 5,8% sur la même période.
Les régions du Centre-Ouest et du Nord-Ouest figurent parmi les plus touchées, avec une augmentation de près de 3 points de pourcentage des taux de pauvreté. Les causes principales de cette aggravation incluent l’inflation persistante et les conséquences du changement climatique, notamment cinq années consécutives de sécheresse qui ont affecté les revenus des ménages agricoles.
Sur le plan national, le taux global de pauvreté est passé de 16,6% en 2021 à 18,4% en 2023, et celui de l’extrême pauvreté de 2,9% à 3,2%, confirmant l’impact grandissant des crises économiques et climatiques sur la population.
Quelles solutions
Le rapport propose plusieurs recommandations pour réduire la pauvreté, notamment :
- Indexation des transferts sociaux sur l’inflation, afin de préserver le pouvoir d’achat des ménages les plus vulnérables
- Création de budgets de contingence pour répondre rapidement aux chocs économiques ou climatiques
- Renforcement de la protection sociale, en élargissant la couverture et en améliorant l’efficacité des programmes existants
Programme d’allocations
En parallèle, un rapport de suivi des allocations pour les enfants âgés de 6 à 18 ans, réalisé entre février 2023 et mars 2024, révèle des impacts positifs pour les familles bénéficiaires. Ces allocations, d’un montant mensuel de 30 DT par enfant et doublées à 100 DT par enfant pour la rentrée scolaire, ont permis :
- Une amélioration de la qualité de la nutrition chez 38% des ménages bénéficiaires entre décembre 2022 et mars 2024
- Un accès accru aux soins de santé, atteignant 80 % des enfants en avril 2024
- Le maintien des taux d’inscription scolaire au-dessus de 95 % pour les 6-15 ans, sans signe de décrochage malgré les crises économiques
Pour garantir la pérennité et l’efficacité du programme, le rapport recommande :
- Un renforcement des capacités des travailleurs sociaux, pour améliorer la mise en œuvre et le suivi
- Une révision de la valeur des allocations mensuelles afin de prendre en compte l’impact de l’inflation
- La garantie d’une viabilité financière au-delà de 2024, pour assurer une continuité dans le soutien des familles vulnérables
Défi urgent
La progression de la pauvreté infantile et l’aggravation des inégalités régionales rappellent l’urgence d’une action coordonnée entre les autorités tunisiennes et les partenaires internationaux. Si les programmes d’allocations comme celui des enfants 6-18 ans ont démontré leur efficacité, leur portée reste limitée face à l’ampleur des défis. Les recommandations du rapport pourraient constituer une feuille de route pour atténuer les impacts sociaux et économiques de la crise et améliorer le bien-être des enfants tunisiens.
En dépit des progrès réalisés, la lutte contre la pauvreté infantile en Tunisie nécessite des politiques publiques robustes, une volonté politique affirmée et un engagement accru des parties prenantes pour garantir un avenir meilleur à la jeunesse du pays.