Publié le 30 septembre 2024
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Pour sa première et dernière visite sur le continent, Joe Biden – en fin de mandat – a décidé de se rendre en Angola du 13 au 15 octobre. Il visitera le chantier de réhabilitation d’une voie ferrée reliant le port angolais de Lobito à la RDC et la construction d’un embranchement vers la Zambie. Les 1 300 km de rails de ce « corridor de Lobito » achemineront sur la côte atlantique des ressources cruciales pour l’économie mondiale – cuivre et cobalt notamment – depuis ces deux pays, riches en minerais mais enclavés. Washington dit envisager d’étendre vers l’est jusqu’à l’océan Indien, alors que Pékin s’est engagé en septembre à réhabiliter la Tazara, ligne ferroviaire ouverte en 1976 et reliant la Zambie au port tanzanien de Dar es Salaam.
Moins d’idéologie… et moins de Chine
En recevant en décembre son homologue angolais João Lourenço à la Maison Blanche, Joe Biden avait qualifié ce projet – également soutenu par l’Union européenne – de « plus important investissement américain de tous les temps dans le rail africain ». Il entre dans le cadre de l’affrontement géopolitique opposant, sur le continent, Washington et ses alliés à la Chine, laquelle détient entre autres investissements, des mines en RDC et en Zambie. « Pour Washington, l’Angola est un exemple de pays africain devenu moins idéologique et qui diversifie activement ses relations, pour être moins exposé à la Chine et, dans une moindre mesure, à la Russie », explique Alex Vines, directeur du programme Afrique à Chatham House.
Ancienne colonie portugaise, ce pays lusophone de 37 millions d’habitants est le deuxième exportateur de brut africain, derrière le Nigeria, selon les chiffres de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE). Huitième économie d’Afrique en terme de PIB selon le FMI, l’Angola souffre néanmoins d’une pauvreté et d’un chômage élevé. Selon la Banque mondiale, 58 % des jeunes Angolais étaient sans emploi en 2023.
Les relations se réchauffent avec Lourenço
Le rapprochement entre Washington et Luanda n’est pas une évidence. Dès son indépendance en 1975, l’Angola sombre dans une guerre civile qui durera 27 ans, fera 500 000 morts et ravagera le pays. En pleine guerre froide, les États-Unis soutiennent alors activement la rébellion de l’Unita – appuyée aussi par le régime d’apartheid sud-africain – face au jeune gouvernement du MPLA, marxiste, soutenu par l’Union soviétique. Le MPLA dirige toujours le pays aujourd’hui.
Certes, Washington importe du pétrole d’Angola depuis qu’ils ont reconnu le gouvernement MPLA en 1993 – après un processus de paix qui fera long feu. Mais selon Alex Vines, les relations avec Luanda se sont considérablement réchauffées depuis que Lourenço a succédé en 2017 à l’autocrate José Eduardo dos Santos , accusé d’avoir, durant ses 38 ans de règne, détourné la manne pétrolière au profit de sa famille.
L’Angola entend également peser au niveau régional, en témoigne sa médiation dans le conflit entre Kinshasa et la rébellion du M23 – que Kigali est accusé de soutenir – dans l’est de la RDC, laquelle a abouti à un récent cessez-le-feu.
Paix et sécurité mais aussi renforcement de la démocratie seront également au menu des discussions du président américain à Luanda, a annoncé la Maison Blanche, alors que groupes de défense des droits de l’Homme et militants de l’opposition dénoncent de nouvelles lois restreignant les libertés des médias et de manifester.
(Avec AFP)
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