La résidence des ambassadeurs des États-unis accueille désormais un tableau de Sadok Bey offert par la Tunisie au président américain Andrew Jackson en 1865.
C’est une belle aventure et un symbole des relations historiques qui lient la Tunisie et les États-unis d’Amérique depuis 1797, date du premier traité entre nos deux pays.
Un tableau représentant Sadok Bey, le bey ayant régné de 1859 à 1882, est désormais accroché dans les salons de la résidence des ambassadeurs des États-unis en Tunisie. Si cette auguste demeure célèbre ses cinquante ans d’existence, le tableau qui vient d’y entrer a une histoire bien plus longue.
Ce tableau qui vient d’être transféré à Tunis, provient des salles des réceptions diplomatiques du Département d’État américain à Washington. Il se trouvait dans la capitale fédérale depuis 1865, date à laquelle il a été offert au président américain Andrew Jackson par Sadok Bey.
Cette huile sur toile a en effet été apportée à Washington en novembre 1865 par une délégation tunisienne. Le portrait de Sadok Bey a été présenté au président Jackson en mémoire de l’amitié tuniso-américaine. C’est le général Othman Hachem, envoyé spécial du Bey et porteur de deux lettres, qui avait apporté ce tableau jusqu’à Washington.
Dans sa première missive, le bey Sadok présentait ses condoléances attristées après l’assassinat du président Abraham Lincoln et dans sa seconde lettre, il félicitait le président américain après la fin des hostilités de la Guerre civile.
Le tableau de Sadok Bey est une œuvre imposante, un rectangle de 2,17 × 1,42 mètres, qui représente le souverain tunisien, avec le palais de Mohamedia et le pavillon husseinite en arrière-plan. Une plaque fixée au cadre du tableau porte l’inscription : « Son Altesse, le Moushir Mohamed Essadek, bey de Tunis ».
Le tableau est signé Louis Simil, un artiste français, né à Nîmes, le 5 février 1822 et dont la réputation des tableaux l’a mené dans la Tunisie de l’époque où il a également réalisé un tableau équestre du ministre Khereddine Pacha.
Louis Augustin Simil était en effet réputé pour ses représentations de scènes historiques et la précision de ses portraits qui plus tard, inspireront Ahmed Osman, l’un des pères de la peinture tunisienne.
Daté de 1865 par son auteur, le tableau de Sadok Bey porte également la mention « Simil, Calligaris et compagnie ». En toute hypothèse, on peut ainsi supposer que Simil était en Tunisie à l’instigation de Calligaris, un proche de la cour husseinite.
En effet, Luigi Calligaris n’est autre que le premier directeur de l’École militaire du Bardo. Officier italien, ce colonel a également été un conseiller écouté de la cour beylicale. Pour mémoire, l’École militaire du Bardo a été créée en 1837 et a fermé ses portes en 1867.
Quant au tableau né de la main de Louis Simil en 1865, il est désormais de retour en Tunisie grâce à l’initiative de l’ambassadeur Joey Hood. Près de cent cinquante-neuf ans après sa première traversée de l’Atlantique, cette œuvre revient là où elle a vu le jour et comptera assurément parmi les symboles de l’amitié entre deux pays liés par l’histoire depuis plus de deux siècles.