Le fondateur du Syndicat des agriculteurs de Tunisie, Leith Ben Becher, s’est exprimé, mercredi 18 décembre 2024, sur le prix idéal de vente de l’huile d’olive, tout en abordant les problématiques structurelles du secteur, telles que l’absence de vision stratégique et la multiplication des intervenants.
Sur les ondes d’Express FM, Leith Ben Becher a expliqué que le prix moyen acceptable pour l’huile d’olive extra-vierge devrait se situer entre 15 et 16 dinars par litre. Ce niveau de prix permettrait de couvrir les coûts de production, de transport et de presse des olives tout en assurant une marge viable pour les agriculteurs.
Il a néanmoins évoqué l’existence de prix préférentiels de 12 dinars par litre pour certains fonctionnaires via leurs amicales ou structures sociales, une pratique qui vise à encourager une catégorie sociale particulière mais qui ne reflète pas la réalité économique globale du secteur.
M. Ben Becher a souligné que les prix de l’huile d’olive sont en baisse sur certains marchés locaux, citant le cas du marché de Gremda, réputé comme l’un des plus organisés du pays. À l’international, les prix varient entre 3 et 7 euros, mais l’huile d’olive italienne reste dominante grâce à sa réputation mondiale.
Des défis structurels majeurs
Leith Ben Becher a critiqué l’absence de vision stratégique dans le secteur de l’huile d’olive en Tunisie. Il a rappelé que l’Office national de l’huile, bien qu’ayant joué un rôle clé depuis les années 1960, doit désormais évoluer pour s’adapter aux nouvelles exigences du marché. Il a également remis en question les estimations de production de 340.000 tonnes, jugeant ces chiffres peu fiables.
Pour lui, il est impératif d’organiser le marché et de réformer en profondeur le système. Il plaide pour :
- L’amélioration de l’organisation des marchés locaux,
- La mise en place de formations adaptées aux professionnels,
- L’ouverture de lignes de financement dès le mois d’août pour soutenir les agriculteurs,
- La préservation des variétés locales d’huile d’olive.
Une excellente production
Alors que la récolte d’huile d’olive est exceptionnelle cette année, les prix restent déprimés, ce qui complique la situation des agriculteurs tunisiens, incapables de stocker leur production dans l’attente d’une hausse des cours pour l’exportation. Selon M. Ben Becher, le problème réside également dans la prolifération des intervenants, qui nuit à l’efficacité du secteur.
En conclusion, Leith Ben Becher insiste sur l’importance d’une réflexion stratégique pour rééquilibrer le marché de l’huile d’olive et garantir un prix juste qui profite à tous les acteurs de la filière.
Inacceptable, selon le syndicat tunisien des agriculteurs
Lundi, le président du Syndicat tunisien des agriculteurs, Midani Dhaoui, a dénoncé le prix de vente de l’huile d’olive proposé par l’Etat à 12 dinars par litre, estimant qu’il ne couvre pas les coûts de production. Les producteurs réclament un prix minimum de 15 dinars pour garantir leur survie face à des intermédiaires qui profitent de la situation. Dhaoui propose de rediriger les subventions de l’huile végétale vers l’huile d’olive pour soutenir ce secteur stratégique.
Une réunion au ministère du Commerce a discuté de mesures pour commercialiser l’huile d’olive à des prix préférentiels dans les grandes surfaces. Bien que les représentants des grandes surfaces se soient engagés à soutenir l’initiative, Dhaoui a critiqué le manque de concrétisation des promesses gouvernementales, ce qui aggrave la crise des producteurs.
Malgré une récolte abondante estimée à 340 000 tonnes, les prix chutent, atteignant parfois 12 dinars dans certains gouvernorats. Le gouvernement prévoit d’impliquer les coopératives et mutuelles pour acheter et commercialiser l’huile, mais les agriculteurs attendent des mesures urgentes pour éviter une crise majeure et maintenir la compétitivité de l’huile tunisienne sur le marché mondial.