Mamadi Doumbouya, Assimi Goïta, Sahara occidental, Kemi Seba et tech africaine : les 5 infos qu’il ne fallait pas rater

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  1. Guinée : l’armée restera-t-elle loyale à Mamadi Doumbouya ?
  2. Maroc : quel est l’impact de l’annulation des accords au Sahara occidental par la justice européenne ?
  3. La méthode Goïta pour faire plier les miniers
  4. Kemi Seba relâché sans poursuite après sa garde en vue en France
  5. Tech africaine : vers une reprise des levées de fonds ?

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1 – Guinée : l’armée restera-t-elle loyale à Mamadi Doumbouya ?

Le général Mamadi Doumbouya, en août 2024. © Présidence de la République de Guinée

Le général Mamadi Doumbouya, en août 2024. © Présidence de la République de Guinée

Psychose. Le 26 septembre, un vent de panique a soudain soufflé sur Conakry. En pleine après-midi, le centre de la capitale guinéenne a résonné de tirs d’armes automatiques. Une dizaine d’hommes armés à fait feu sur des officiers du Groupement des forces spéciales (GFS). Tandis que des militaires convergent vers les lieux, les forces spéciales font évacuer les rues de la presqu’île de Kaloum. Les ministères et les administrations se vident, un gigantesque embouteillage se forme à la sortie du quartier. Dans la soirée, la présidence affirme qu’il n’y a pas eu d’accrochage, évoque des « fausses rumeurs », tandis que d’autres sources assurent qu’il s’agissait d’un affrontement entre différents proches de Mamadi Doumbouya.

La grande évasion. Cet épisode a fait monter les tensions qui, depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, prévalent au sein de la junte au pouvoir, analysent Fatoumata Diallo et Marième Soumaré, dans l’article qu’elles signent pour Jeune Afrique sur une question cruciale : l’armée guinéenne restera-t-elle loyale à Mamadi Doumbouya ?


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Un point de bascule semble avoir été atteint lors de l’évasion spectaculaire en novembre 2023 de Moussa Dadis Camara et de plusieurs de ses co-accusés dans le procès du massacre du Stade du 28-Septembre. Exfiltrés par un commando armé qui a pris la prison d’assaut, la majeure partie des fuyards, dont Dadis, avaient été rapidement rattrapés. Tous sauf un : Claude Pivi. Ce dernier n’a finalement été arrêté au Liberia que le 17 septembre dernier. Surtout, il est clair que cette évasion n’a pu être menée à bien qu’avec la complicité de membres de l’armée.

Le cas Sadiba Koulibaly. L’un des signes les plus évidents de ces tensions latentes au sein de la junte a été la mort du général Sadiba Koulibaly, en juin 2024. L’officier avait été limogé en mai 2023 de son poste de chef d’état-major des armées. Au départ très influent et réputé proche de Mamadi Doumbouya, le général faisait un temps figure de numéro deux du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD).


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Nommé chargé d’affaires à Cuba, il est revenu à Conakry un an plus tard, où il a été arrêté et condamné à cinq ans de prison ferme pour « désertion » et « détention illégale d’armes », puis placé en détention dans un lieu tenu secret. En juin dernier, les autorités annoncent son décès, officiellement d’un « arrêt cardiaque » causé par « un psycho-traumatisme important » et un « stress prolongé ».

Implacable avec ceux qu’il considère comme des ennemis potentiels, Mamadi Doumbouya se montre, dans le même temps, très à l’écoute d’une armée longtemps considérée comme corrompue et indisciplinée. Investissements dans l’armement et l’équipement d’un côté, efforts déployés pour assurer le paiement des salaires en temps et en heure de l’autre… le président de la transition soigne les hommes de troupes. Et en particulier le Groupement des forces spéciales (GFS), avec lesquels il avait mené l’assaut lors du coup d’État qui a conduit à la chute d’Alpha Condé.

2 – Maroc : quel est l’impact de l’annulation des accords au Sahara occidental par la justice européenne ?

Des pêcheurs déchargent des caisses de poissons de leur bateau dans le port de Laâyoune, en 2018. © FADEL SENNA / AFP

Des pêcheurs déchargent des caisses de poissons de leur bateau dans le port de Laâyoune, en 2018. © FADEL SENNA / AFP

« Consentement ». Le verdict rendu par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) le 4 octobre dernier stipule que les accords commerciaux signés en 2019 en matière de pêche et de produits agricoles « auxquels le peuple du Sahara occidental n’a pas consenti, ont été conclus en méconnaissance des principes de l’autodétermination ». Si le Maroc a affirmé n’être « aucunement concerné » par cette décision, et que plusieurs capitales européennes – Paris, Madrid ou encore Berlin – ont apporté leur soutien à Rabat, la décision de la CJUE pourrait peser dans les négociations des futurs accords entre le royaume chérifien et l’Union européenne.

Pêche et agriculture. La Cour a cependant choisi de maintenir le statu quo en maintenant, pour une année supplémentaire, l’accord sur l’agriculture. L’accord sur la pêche, lui, était de toute façon arrivé à terme en juillet 2023 et son successeur est en cours de négociations.

Au-delà de l’impact politique, quelles seraient les conséquences économiques d’une dénonciation pure et simple de ces deux accords ? L’infographie, signée Marie Toulemonde et que JA consacre à cet épineux dossier, fait le point sur l’étendue des échanges entre l’Union européenne et les deux provinces de Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Ed-Dahab. Bruxelles rassemble ces deux entités sous la définition de « Sahara occidental ». Et le constat est clair pour la CJUE : pour ces provinces du Sud, les exportations à destination de l’UE ont été un moteur de croissance. En 2022, elles s’élevaient à 590 millions d’euros et auraient permis de créer 49 000 emplois, soit 18 % de la population active.

3 – La méthode Goïta pour faire plier les miniers

Assimi Goïta, le 24 juillet 2024. © Présidence du Mali

Assimi Goïta, le 24 juillet 2024. © Présidence du Mali

Transition rapide. Si le calendrier de la transition politique, qui doit voir la junte militaire remettre le pouvoir aux civils – ou a minima organiser de nouvelles élections – est encore plus que flou, la transition dans le domaine des accords entre le gouvernement malien et les sociétés minières a connu une impressionnante accélération ces dernières semaines.

Le nouveau code minier, promulgué en août 2023, a été signé par trois producteurs d’or actifs au Mali en moins de deux semaines : Allied Gold, B2Goild et Robex. D’autres pourraient suivre très bientôt. Le nouveau code était pourtant loin de faire l’unanimité au moment de sa promulgation, car certains considèrent que la part dévolue à l’État du Mali, qui peut désormais acquérir jusqu’à 30 % d’une mine, était trop importante. La suppression d’exonérations fiscales et douanières a aussi eu du mal à passer.

Sous la pression. Cette vague de signatures intervient alors que les entreprises minières sont sous pression. Plusieurs sont visées par des procédures engagées après des audits ayant relevé des infractions. C’est notamment le cas de Robex, qui, avant d’accepter de signer le nouveau code minier, s’était vu imposer une pénalité de 39,7 milliards de F CFA… Finalement réduit à 10 milliards après la signature.

Quant à Barrick, opérateur de la plus grande mine d’or du Mali, à Loulo-Gounkoto, l’État lui réclame 500 millions de dollars de taxes et dividendes impayées. En outre, si Barrick n’a pas confirmé de lien entre les deux événements, plusieurs de ses employés ont été incarcérés en septembre au Mali, quelques jours avant que le groupe et la junte conviennent « de trouver une résolution globale aux réclamations et litiges existants », rappelle Louise Margolin dans le décryptage qu’elle livre de ce bras de fer entre Bamako et les miniers.

4 – Kemi Seba relâché sans poursuite après sa garde en vue en France

Le leader d'Urgences panafricanistes et activiste béninois, Kemi Seba, à l'aéroport de Niamey, le 25 septembre 2023. © Balima Boureima/Anadolu via AFP

Le leader d’Urgences panafricanistes et activiste béninois, Kemi Seba, à l’aéroport de Niamey, le 25 septembre 2023. © Balima Boureima/Anadolu via AFP

« Ingérence étrangère ». Les autorités françaises auraient voulu donner un coup de pouce médiatique à l’activiste Kemi Seba qu’elles ne se seraient sans doute pas prises autrement. Lundi 14 octobre, le militant néo-panafricaniste a été arrêté à Paris, en même temps que son bras droit, Hery Djehuty. Placé en garde-à-vue au sous-sol de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), à Levallois-Perret, il a été interrogé par les  renseignements français.

La raison ? Des « investigations sur l’infraction d’ingérence étrangère » menées dans le cadre d’une « enquête préliminaire », a affirmé le ministère public. Le – lui aussi – très médiatique avocat français Juan Branco a pour sa part assuré que l’enquête portait sur des soupçons d’« intelligence avec une puissance étrangère […] en vue de susciter des hostilités ou des actes d’agression contre la France ».Finalement, le 16 octobre, Kemi Seba a été relâché sans qu’aucune poursuite ne soit engagée à ce stade.

Liens avec Wagner. Selon des informations de Mediapart, confirmée ensuite par l’Agence France-Presse, les enquêteurs de la DGSI ont interrogé Kemi Seba sur ses liens avec le groupe paramilitaire privé russe Wagner. Des liens que Jeune Afrique, en collaboration avec le magazine « Sources » d’Arte/CAPA et le quotidien allemand Die Welt, ainsi qu’avec les organisations All Eyes On Wagner et Dossier Center, avaient documenté dans une enquête publiée en mars 2023.

Le « Projet Kemi », nom donné par les équipes d’Evgueni Prigojine à l’opération montée pour soutenir le leader de l’ONG Urgences panafricanistes, visait à apporter une aide logistique et financière à ce dernier. Si Kemi Seba a reconnu avoir eu des échanges avec Prigojine, il l’a qualifié de « compagnonnage d’environ six mois ». Il aurait ensuite coupé les ponts : Prigojine lui aurait demandé, « lors d’un de ses voyages à Saint-Pétersbourg », de « mener des actions violentes qui touchent des symboles occidentaux, quitte à faire des dommages collatéraux » parmi les populations du continent. « À partir de là, divorce stratégique, nos chemins se sont éloignés ».

Notre enquête montre que la collaboration a largement dépassé le cadre d’un simple « compagnonnage », Kemi Seba ayant étén pendant au moins un an, l’un des éléments centraux de la stratégie d’influence sur le continent du patron de Wagner, mort le 23 août 2023 dans un accident d’avion.

5 – Tech africaine : vers une reprise des levées de fonds ?

À Dakar, dans les bureaux de la start-up Touch. © Youri Lenquette pour JA

À Dakar, dans les bureaux de la start-up Touch. © Youri Lenquette pour JA

600 millions de dollars. C’est le montant que les start-ups africaines sont parvenues à mobiliser au troisième trimestre de cette année. Un montant recors pour l’année en cours, souligne Salimata Koné, dans l’analyse qu’elle dresse pour Jeune Afrique de ce qui s’apparente à un début de reprise des levées de fonds dans le monde de la tech du continent. Supérieurs de 100 millions de dollars à ceux de la même période l’an dernier, ces chiffres confirment la correction du marché, après les envolées de 2021 et 2022. En tout, ce sont 44 start-ups qui ont levé des sommes égales ou supérieures à 1 million de dollars entre juillet et septembre.

2024, pas une année record. Si ces chiffres sont encourageants, car il montre un début de tendance haussière, ils ne permettront cependant pas de réaliser de progrès notables par rapport à l’année dernière : les levées de fonds de 2024 ne vont pas dépasser les 2,9 milliards de dollars de 2023. Et, donc, de dépasser les très bons chiffres de 2022, qui avait vu les start-ups africaines parvenir à lever 4,6 milliards de dollars. « Pour la première fois depuis la mi-2022, les start-ups ont levé plus de fonds au cours des quatre derniers trimestres qu’au cours de la période précédente. Si la croissance est modeste, on peut espérer qu’elle constitue un premier signe avant-coureur de la croissance future de l’écosystème », précise à JA Max Cuvellier Giacomelli, co-fondateur de la plateforme Africa : The Big Deal, qui suit les opérations de levées de fonds de potentielles futures licornes africaines.

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