Pourquoi les Tunisiens sont-ils privés de cartes bancaires internationales ?

Date:

En Tunisie, l’accès aux cartes bancaires internationales demeure un privilège limité, une situation qui interpelle à l’ère du commerce numérique globalisé. Tandis que les consommateurs dans le monde entier profitent d’un accès sans restriction aux services en ligne, les Tunisiens se heurtent aux barrières d’une réglementation monétaire rigide. 

Derrière cette réalité, des choix politiques et économiques destinés à préserver les réserves de devises du pays, mais qui soulèvent des interrogations sur les entraves à l’intégration numérique des citoyens tunisiens.

En effet, les Tunisiens sont privés d’accès généralisé aux cartes bancaires internationales pour plusieurs raisons, liées aux politiques économiques, à la réglementation monétaire stricte et aux enjeux de la balance des paiements. 

On rappelle que la Tunisie applique une réglementation stricte en matière de change pour limiter la fuite de devises étrangères. Le pays possède des réserves limitées en devises, et les autorités cherchent à éviter leur épuisement en limitant les paiements en devises, y compris ceux liés aux transactions internationales pour les particuliers.

De plus, la Tunisie importe beaucoup plus qu’elle n’exporte, créant une dépendance aux devises étrangères. Limiter l’accès aux cartes bancaires internationales aide à freiner les sorties de devises, nécessaires au paiement des importations de biens essentiels, d’énergie, et au service de la dette extérieure.

Parmi les facteurs qui contribuent à cette situation, c’est que les autorités craignent que l’utilisation généralisée de cartes internationales ne facilite les flux financiers non contrôlés, posant des risques pour la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Un parcours de combattant !

Pour avoir une carte internationale, c’est un parcours de combattant en Tunisie. Pour obtenir une carte bancaire internationale, certains Tunisiens peuvent faire des demandes spéciales telles que la carte « touristique » délivrées par La Poste, mais ces cartes sont généralement soumises à des plafonds de dépenses et d’utilisation stricts. 

De mêmes, les différentes banques proposent des cartes bancaires utilisables à l’étranger, mais sont également soumises à de nombreuses restrictions et demeurent limitées et réservées dans plusieurs cas aux entreprises. 

Ces restrictions sont régulièrement critiquées, car elles limitent l’accès des Tunisiens au commerce électronique mondial et à des services internationaux essentiels, freinant ainsi leur participation active à l’économie numérique.

Une lueur d’espoir ? 

Dernièrement, le chef du gouvernement Kamel Madouri a annoncé que le gouvernement travaille sur plusieurs fronts pour faciliter l’accès des Tunisiens aux cartes bancaires internationales tout en préservant la stabilité financière du pays. 

Ainsi, il faut s’attendre à des réformes des politiques monétaires en matière de devises étrangères, en autorisant progressivement des plafonds plus élevés pour l’accès aux cartes internationales, cela permettrait d’élargir l’accès aux transactions en ligne et aux services internationaux.

On peut également comprendre que le ministère des Finances et la Banque centrale pourraient créer des cartes bancaires « à usage limité » pour certains types de transactions à l’étranger, comme les achats en ligne ou le paiement de services éducatifs et de santé. Ces cartes seraient soumises à des plafonds stricts pour éviter des pressions excessives sur les réserves en devises.

En parallèle, le gouvernement compte stimuler l’émergence de fintechs tunisiennes pour proposer des solutions de paiement électronique et des alternatives locales aux cartes internationales. Ces entreprises pourraient faciliter des paiements internationaux tout en gardant les flux sous contrôle.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Share post:

Subscribe

spot_imgspot_img

Popular

More like this
Related

Huit avocats suspendus pour fautes déontologiques

Le Conseil régional de l’Ordre des avocats de Tunis...

Référendum au Gabon : Charles Mba et Alain-Claude Bilie-By-Nze, l’interview croisée

L’un est le ministre des Comptes publics de Brice...

Les Golden Globes honorent le cinéma égyptien à travers le Prix Omar Sharif

Le 20 novembre 2024, le prestigieux Nile Ritz-Carlton Hotel du Caire a...