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Rwanda, Maroc, Afrique du Sud, Nigeria : quatre pionniers de la technologie lancés dans une course à l’innovation

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À l’instar de ses voisins, le « pays des mille collines » et des Grands Lacs a traversé le XXe siècle au rythme des mutations géopolitiques et des turbulences de la décolonisation. Il a aussi connu l’une des plus grandes tragédies du siècle dernier, le génocide des Tutsis, qui s’est soldé par l’assassinat de près de 1 million de personnes en trois mois en 1994.

Une fois la paix retrouvée, le Rwanda a su se transformer durant le premier quart du XXIᵉ siècle en un territoire tourné vers le progrès technologique. Son ambition assumée : devenir un pôle d’innovation attractif, de niveau continental, et s’élever au rang de nation technologique.


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Le gouvernement rwandais mise sur la technologie

Les dirigeants rwandais, au premier rang desquels le président Paul Kagame, au pouvoir depuis 1994, ont choisi de développer et accompagner la technologie, plutôt que de la subir, en installant des incubateurs d’entreprises et en attirant des investisseurs provenant du monde entier.

Le Rwanda est, avec Maurice, le deuxième pays d’Afrique où il est le plus facile de faire des affaires. Il faut entre trois et six heures pour créer une entreprise et ouvrir un compte bancaire, ce qui est très peu au regard du millefeuille administratif et réglementaire présent en Europe…

Il est également très aisé de recruter des talents bien formés sur le terrain. Tous les ingrédients semblent réunis pour faire du pays une start-up nation au sens américain ou israélien du terme.

Le gouvernement multiplie les coopérations internationales permettant de drainer et de diffuser le progrès technologique sur l’ensemble des provinces du pays. Cette distribution contribue à la stabilité géopolitique du Rwanda, que l’on qualifie parfois de « Suisse de l’Afrique », un pays où il fait bon vivre, au milieu des lacs et des montagnes tout en bénéficiant des meilleures technologies. Devenu un pôle d’influence technologique continental, le Rwanda est entré en compétition avec les autres territoires africains de progrès et de croissance.


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Santé connectée, IA et robotique aérienne

Ce tissu économique est compatible avec les attentes des citoyens rwandais, notamment en matière de santé publique. Contrairement à d’autres pays africains, la crise sanitaire du Covid-19 a été bien gérée afin de protéger la population sans casser la dynamique de croissance économique.

En 2024, le pays mise beaucoup sur la santé connectée, en réseau, sur l’IA et sur la robotique médicale. Un premier exemple de succès concerne la formation de centaines de chirurgiens à Kigali à la chirurgie mini-invasive et aux opérations complexes robotisées.


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En ouvrant ce type de formations très spécialisées, le Rwanda attire et fédère un écosystème médical technologique international de haut niveau. L’innovation doit ruisseler ensuite au bénéfice de l’ensemble de la population. Un pouvoir attractif remarquable alors que la compétition mondiale suscite de plus en plus de replis nationaux.

Un deuxième exemple concerne la robotique aérienne utilisée pour la livraison automatisée de médicaments, de sang et de plasma, entre hôpitaux éloignés ou difficiles d’accès. Les drones médicaux rapprochent les campagnes des villes, et les zones mal desservies des centres hospitaliers urbains, en créant des connexions durables et résilientes.

Pour déployer ces nouvelles routes de drones à usage médical, les autorités ont fait appel à la société américaine Zipline, spécialisée dans le déploiement logistique robotisé et la livraison par drones. Plusieurs partenariats ont permis de déployer des couloirs aériens et des infrastructures de livraison rapides et fiables.

En ouvrant ce type de formations très spécialisées, le Rwanda attire et fédère un écosystème médical technologique international de haut niveau.

Notons que ce type d’infrastructure reste très difficile à construire en Europe, notamment en raison des nombreux verrous de régulation de l’espace aérien. Quand la réglementation et le principe de précaution deviennent invasifs, l’innovation finit par s’éteindre… Le Rwanda a bien compris cette loi physique et a su adapter son cadre réglementaire aux innovations technologiques.

Un troisième exemple est celui de l’IA générative (GPT4) qui fournit un service de télémédecine effectif, complété par un réseau de médecins humains sur le modèle Uber.

La plateforme Doc Africa a été déployée avec succès au Nigeria. Elle permet des téléconsultations dans l’ensemble du pays, validées par un médecin référent, notamment dans les zones rurales difficiles d’accès. Elle s’étendra ensuite à d’autres pays africains, dont le Rwanda en 2025, avec des offres complémentaires tel qu’un carnet de santé numérique universel. Le pays aux mille collines présente toutes les garanties de succès pour le déploiement d’un tel projet.

Au Rwanda, cette percée des technologies de rupture portées par l’IA et la robotique se poursuit et s’étend à d’autres domaines tels que l’agriculture de précision, la logistique, le transport décarboné ou le secteur spatial.

La course à l’innovation

Plusieurs pays africains partagent le même souhait de devenir un leader en matière d’innovation technologique. Il s’agit notamment de l’Afrique du Sud, du Nigeria et du Maroc. Chacun dispose de spécificités économiques, géopolitiques et culturelles qui rendent la compétition très rude entre ces territoires d’innovation.

Dans le domaine de l’IA, l’Afrique du Sud et le Nigeria ont déployé plusieurs centres d’excellence fonctionnant comme de puissants pôles attractifs pour les pays voisins qui s’inspirent de ces modèles de croissance. En outre, la position exemplaire du Maroc doit être saluée – alors qu’en une dizaine d’années seulement, le pays s’est hissé au rang de nation de premier plan pour le développement de l’IA.

Un centre de recherche dédié à l’IA, l’« AI Dôme », a été financé par le roi du Maroc et créé à l’initiative d’Amal El Fallah Seghrouchni, présidente exécutive du Centre International d’intelligence artificielle  (IA) du Maroc, « AI Movement » et ambassadrice Unesco de l’IA pour l’Afrique, récemment nommée ministre d’État en charge du numérique et de l’IA. Dès sa création, l’« AI Dôme » a noué de nombreux partenariats avec des pays d’Afrique subsaharienne qui ne disposaient pas encore de stratégie nationale concernant ces nouvelles technologiques, dans une volonté de devenir, à terme, un leader continental sur ces sujets.

L’ambition géopolitique associée au statut de nation technologique ne doit pas être sous-estimée. Développer un soft power technologique attractif en Afrique permet de relever les multiples défis de développement et de croissance, de conquérir les cœurs et les esprits, ainsi que de sceller des alliances géostratégiques dépassant largement le cadre de l’innovation.

À l’échelle continentale, les quatre pays compétiteurs se retrouvent en coopération ou en concurrence sur chaque grand projet technologique africain à impact.

Les « diplomaties et soft power » de l’IA, de la robotique, des drones, des télécommunications, des énergies renouvelables, des batteries électriques, du secteur spatial, construisent les consortiums et les alliances.

À l’échelle continentale, les quatre pays compétiteurs se retrouvent en coopération ou en concurrence sur chaque grand projet technologique africain à impact. Chacun d’entre eux dispose de l’écosystème d’investissement adapté, d’une vision stratégique claire, d’une volonté gouvernementale de croissance affirmée et des ressources humaines de haut niveau scientifique compatibles avec les enjeux de recherche et de développement. Les ingrédients sont bien présents dans le chaudron de l’innovation…

Il ne reste qu’à remuer et orchestrer la montée en puissance internationale. Devenir une nation technologique est un projet stratégique global qui s’inscrit dans les grandes dynamiques des convergences technologiques transformant le monde. Le continent africain a parfaitement mesuré l’intérêt de participer activement aux révolutions de l’intelligence artificielle, de la robotique, des nanotechnologies, des biotechnologies, des énergies renouvelables, de la décarbonation, du stress hydrique et du secteur spatial.

Les quatre premières nations technologiques africaines sont d’ores et déjà entrées en compétition géopolitique pour devenir le pays leader du continent africain. Cette compétition nécessite des investissements importants, des investisseurs industriels, privés et de l’intelligence économique déployée pour attirer et conserver les meilleurs jeunes talents sur le territoire. De sorte que l’Afrique du XXIe siècle est aussi celle de l’émancipation technologique et de la souveraineté industrielle.

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’article original.

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