Publié le 28 décembre 2024
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Annonçant notamment qu’il entendait mettre fin au principe de non-réciprocité dans la délivrance des visas, le Premier ministre sénégalais a présenté, vendredi 27 décembre, dans son discours devant les députés, son plan de politique générale pour les cinq prochaines années. Ousmane Sonko a par ailleurs déclaré qu’il déposerait un projet pour abroger la loi d’amnistie de l’ex-président couvrant les violences politiques qui avaient fait des dizaines de morts entre 2021 et 2024. Si elle est votée, cette abrogation pourrait ouvrir la porte à des poursuites contre les dirigeants de l’ancien régime, dont Macky Sall.
« Principe de réciprocité »
Pour la délivrance de visas, « nous engagerons des discussions avec les pays relevant des catégories B et C » parmi lesquels la plupart des pays européens dont la France, ainsi que les États-Unis, « afin d’exiger en retour, le visa gratuit pour les ressortissants sénégalais sur la base du principe de la réciprocité ». Le visa d’entrée au Sénégal, instauré en juillet 2013 pour les voyageurs de tous les pays à l’exception de ceux d’Afrique de l’Ouest ou ayant des accords les en dispensant, avait été supprimé en 2015 pour relancer le secteur du tourisme et alléger les frais de voyages des Sénégalais de la diaspora.
Le Sénégal est resté selon lui « enfermé dans le modèle économique colonial ». Le Premier ministre a indiqué qu’il mènerait une réforme fiscale, en « élargissant l’assiette, tout en abaissant graduellement les taux d’imposition moyen ». L’objectif est de « faire payer moins à tous les Sénégalais, mais faire payer à tous les Sénégalais » pour « parvenir à une fiscalité efficace et équitable ». Ousmane Sonko a aussi affirmé que le Sénégal allait « se retirer de toutes les conventions bilatérales impliquant un paradis fiscal ».
Subventions à l’énergie
Il a par ailleurs annoncé une « rationalisation des subventions à l’énergie pour qu’elles bénéficient essentiellement aux ménages pauvres », ce qui passe par « un ciblage » des bénéficiaires. Malgré une situation économique qu’il avait lui-même décrite comme « catastrophique », avec un déficit budgétaire atteignant 10,4% du PIB et une dette publique représentant 76,3% du PIB, Ousmane Sonko « a l’ambition de hisser le Sénégal parmi les économies les plus compétitives d’Afrique ». Il compte notamment s’appuyer sur les ressources gazières – dont le début d’exploitation sera finalement prévu en 2025, après avoir été longtemps attendu en 2024 –, mais aussi sur la densification du tissu industriel.
Sur le plan militaire, le Premier ministre a mis l’accent sur l’annonce faite par le président Faye de fermer les bases militaires de l’armée française, recueillant les applaudissements de l’Assemblée. Concernant l’émigration clandestine, à l’origine de drames presque hebdomadaires sur la route qui mène aux îles Canaries – porte d’entrée de l’Europe –, Ousmane Sonko a promis « le renforcement des dispositifs de lutte contre l’immigration irrégulière en multipliant les contrôles et en renforçant les sanctions » mais aussi « un soutien aux initiatives de retour volontaire ».
Enfin, il a promis la promotion du « multilinguisme », via « la généralisation de l’enseignement de l’anglais à l'[école] élémentaire et l’utilisation des langues nationales dans le système d’éducation et de formation », dans ce pays où l’enseignement public est dispensé en français.
Ce discours de politique générale, très attendu, avait été reporté à plusieurs reprises. Le bouillant Premier ministre avait refusé, en juin, de se présenter devant un Parlement dominé à l’époque par un camp qui lui était hostile. Un nouveau report a eu lieu mi-septembre après la dissolution du Parlement par le président Faye. Les élections législatives du 17 novembre ont été largement remportées par Faye et Sonko, leur donnant une majorité confortable pour mettre en place leur programme.
(avec AFP)
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