Qui se souvient du modéliste Lillo, venu de Palerme à Tunis et Sfax, pour dessiner les chaussures des élégantes ?
Tout le monde l’appellait Lillo mais son véritable nom était Greco Gambino Calogero. Il était venu de Palerme à Tunis et avait épousé une Tunisenne d’origine maltaise.
Lillo a travaillé pour plusieurs marques de chaussures tunisiennes, dans un atelier de la rue Caton (aujourd’hui rue Echam). Son principal commanditaire était Roberty dont le magasin se trouvait avenue de Paris.
Lillo travaillait aussi pour Garcia dont le point de vente se trouvait sous les arcades de l’avenue de France. Et également pour Fiorino qui à l’angle de l’avenue de Paris et de la rue Mokhtar Attia.
Le designer italien eut également une parenthèse sfaxienne puisqu’il travailla durant deux ans pour un chausseur de la capitale du sud.
Les escarpins et chaussures pour femmes étaient la spécialité de Lillo qui fut l’un des modélistes les plus appréciés durant les années soixante-dix.
Et si nous parlions chaussures et espadrilles ? Et si nous retrouvions la trace des premières entreprises dans ce domaine ? A commencer par la chaîne Bata qui a compté de nombreux magasins partout en Tunisie et qui reste toujours active.
C’est au lendemain de la Deuxième guerre mondiale que Bata s’implanta en Tunisie, avec l’ouverture d’une usine à Djebel Djelloud. Cette filiale du tchèque Bata sera longtemps l’unique entreprise étrangère dans le domaine de la chaussure en Tunisie.
A cette époque, il existait une vingtaine d’entreprises dans ce domaine dont seulement cinq avaient de l’importance en termes de personnel et d’équipement. A l’image du chausseur D’Andrea de la rue de Yougoslavie, ils étaient nombreux les artisans bottiers, adeptes du pur cuir et du fait main.
Ils tiendront d’ailleurs la dragée haute aux industriels de l’époque et sauront retenir une clientèle fidèle qui se recrutait y compris dans des pays étrangers.
Toutefois, aux côtés de Bata, les entreprises industrielles ont laissé une trace dans l’histoire de la chaussure tunisienne. Citons par exemple, les Chaussures Rex qui se trouvaient rue de Provence ou les Chaussures Melloul de Bab Carthagena.
La mémoire de Tunis retient aussi le souvenir des Chaussures Métropole à la rue des Glacières. Mais rien n’égale le souvenir des établissements Rippol, Montero et Garcia qui produisaient les espadrilles à semelle de corde puis se mettront aux chaussures à semelle de caoutchouc.
Ces entreprises ont été les premières à passer au stade de fabrication industrielle et laissent dans leur sillage le souvenir de dizaines de revendeurs dont les vitrines rivalisaient d’élégance dans le Tunis des années soixante.