Cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024 : une facture inoubliable

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Un spectacle de 3 h 45, 10 500 athlètes issus de 206 délégations, 94 bateaux qui défileront sur la Seine, une traversée de six kilomètres du pont d’Austerlitz au pont de Iéna, plus de 300 000 spectateurs sur les bords du fleuve, 80 écrans géants, un milliard de téléspectateurs… Des chiffres qui donnent le tournis. La cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, qui aura lieu vendredi 26 juillet, a été conçue pour être un grand show inoubliable. Et une grande première dans l’histoire de l’olympisme.

Jamais encore une cérémonie d’ouverture des JO ne s’était déroulée en dehors d’une enceinte sportive. Ce sera chose faite avec cette gigantesque parade sur les eaux. L’idée a germé dans la tête de Thierry Reboul, le directeur exécutif des cérémonies de Paris 2024. Il la présente en 2019 à Tony Estanguet, le président du Cojop (Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques), immédiatement emballé. La maire de Paris, Anne Hidalgo, et le président de la République sont également sous le charme. Le projet est entériné en décembre 2021 par le Conseil d’administration du Cojop. Sans un élément essentiel : son coût.

Un dossier chaud

Comme le racontent Sébastien Chesbeuf, Jean-François Laville et Thierry Vildary dans leur ouvrage La Face cachée des JO (JC Lattès), seul Guy Drut, l’ancien champion olympique du 110 mètres haies, s’y oppose à cause du manque d’informations sur la facture et la sécurité de l’événement. À l’époque déjà, on peut pourtant s’imaginer que le budget nécessaire pour ce spectacle inoubliable sera élevé. Entre une cérémonie se déroulant dans l’enceinte d’un stade et une déambulation de six kilomètres sur les eaux, la différence de coût est forcément considérable. « Pour Paris 2024, c’est un dossier chaud : les cérémonies d’ouverture sont traditionnellement fastueuses, mais pour celle-ci les frais de sécurité viennent gonfler le coût », estime l’économiste du sport Wladimir Andreff.

Le coût de la cérémonie d’ouverture fait d’ailleurs partie des éléments qui pourraient faire déraper le budget des JO. Dans son rapport de 2023, la Cour des comptes signale que « l’un des enjeux principaux de la maîtrise de la dépense réside dans les arbitrages à rendre sur le niveau de services ainsi que sur les manifestations associées aux Jeux, telles que les cérémonies d’ouverture et de clôture ou encore le relais de la Flamme ».

120 à 500 millions

Si le Cojop a longtemps refusé de communiquer sur ce point-là, nos confrères du Canard enchaîné et du Monde ont eu accès début juillet à une note interne datant de février et détaillant la facture en fonction de différents scénarios. Première hypothèse : la cérémonie se déroule comme prévu sur la Seine. La parade nautique devrait alors coûter entre 120 et 130 millions d’euros. Soit quatre fois plus que la cérémonie d’ouverture des JO de Londres en 2012, estimée à 34,5 millions d’euros.

Si l’événement devait finalement se tenir en format réduit au Trocadéro, en cas de crue ou de problème de sécurité par exemple, la facture s’envolerait à plus de 255 millions d’euros, car il faudrait rembourser les spectateurs ayant acheté des places pour les quais bas, et indemniser les partenaires et sponsors. Et encore cette facture ne comprend pas les salaires des fonctionnaires spécialement mobilisés pour l’occasion. Selon une estimation faite par des spécialistes indépendants pour Sébastien Chesbeuf, Jean-François Laville et Thierry Vildary, la note globale pourrait in fine s’établir entre 350 et 500 millions d’euros… De quoi rendre la cérémonie encore plus inoubliable ? Contacté par Le Point, Paris 2024 n’a pas répondu à nos sollicitations.


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