Comment Toyota fabrique les véhicules pour les athlètes paralympiques

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Depuis le ciel bleu, le soleil chaud baigne de sa lumière celle qui fut en 1971 la première usine de Toyota en Europe : la fabrique Toyota Caetano de la municipalité portugaise d’Ovar, située au sud de Porto. C’est ici qu’on trouve la ligne d’assemblage du Land Cruiser, l’un des véhicules les plus emblématiques de la marque japonaise, exporté notamment vers l’Afrique du Sud. « L’entrepreneur portugais Salvador Fernandes Caetano a été un pionnier. Après avoir bâti une usine de carrosseries de bus, il est parti dès 1946 au Japon où il a noué des relations avec la famille Toyoda à la tête de Toyota. Il est ainsi devenu en 1968 le distributeur exclusif du groupe japonais et le seul dont Toyota a accepté de ne pas détenir 100 % du capital », raconte Rita Doria, chef du marketing, de l’innovation et l’expérience client à Toyota Caetano Portugal.

À Ovar, les ouvriers savent encore travailler à la main, sans machine. On ne croise pas d’AVG, ces petits robots à guidage automatique qui remplacent progressivement les ouvriers pour certaines tâches répétitives dans les usines automobiles les plus modernes de la planète. On déballe à la main les pièces détachées des colis reçus du Japon, on soude, on perce et on visse soi-même. Ce savoir-faire manuel a convaincu Toyota de fabriquer ici un nouveau modèle qu’il a fait sur mesure pour les athlètes et les visiteurs handicapés, l’Accessible People Move ou APM. Partenaire mondial du Comité international olympique et du Comité international paralympique, le constructeur nippon fournit 250 APM pour Paris 2024. Ces véhicules vont en particulier faciliter les déplacements des athlètes des paralympiques et des spectateurs présentant un handicap physique ou des difficultés à marcher, notamment ceux en fauteuil roulant. Ils serviront aussi à transporter les secours d’urgence et des petits chargements sur les sites des Jeux.

Toit d’origami

« Cette usine a beaucoup d’avantages, notamment le fait qu’on puisse réutiliser la cabine de peinture pour recevoir l’habitacle en métal du véhicule », explique Stijn Peeters, responsable des nouveaux projets de mobilité chez Toyota Motor Europe. Les retours d’expérience des JO de Tokyo 2020 ont permis d’améliorer le design et l’ergonomie du véhicule. Le projet consistait à faire un modèle le plus versatile possible, c’est-à-dire pouvant transporter aussi bien des fauteuils roulants que des palettes de matériel. À Bruxelles, les bureaux de Toyota ont dessiné un châssis complexe qu’il a fallu fabriquer au Portugal. Il comprend plusieurs centaines de soudures et 600 pièces différentes. « Il fallait une structure ouverte et solide en métal », poursuit Stijn Peeters. Le design du toit de l’APM fait référence à un style d’origami, cet art de pliage du papier venu du Japon.

Des rideaux ont été ajoutés afin de protéger l’habitacle des (probables) pluies parisiennes. La suspension avant a été empruntée au SUV Aygo Cross de la marque. Dans l’habitacle, on peut mettre deux fauteuils roulants. Pour les faire grimper, il a fallu ajouter une rampe d’accès. « Composée d’aluminium, elle est très légère. On peut l’ouvrir très facilement grâce à un roulement à billes avant de la ranger dans une cassette dans le sol du véhicule », explique António Gomes, responsable du projet APM dans l’usine d’Ovar. Nous avons testé la rampe : une seule personne suffit pour l’étirer et la rentrer. Les véhicules spéciaux sont équipés d’un moteur électrique fourni par l’équipementier français Valeo et des batteries électriques Zen 8 Slim fabriquées par le groupe de Poitiers Forsee Power. D’une autonomie de 100 kilomètres, ils peuvent aller jusqu’à 25 kilomètres par heure et grimper les collines de Montmartre, Belleville ou Ménilmontant.

Bus spéciaux et modèles innovants

Dans son autre usine de Porto, Toyota a par ailleurs fait transformer l’intérieur des bus électriques de Caetano pour pouvoir accueillir une équipe complète de rugby-fauteuil. Six personnes en fauteuil roulant peuvent s’installer et être attachées par des ceintures de sécurité et cinq autres s’asseoir elles-mêmes tandis que leurs fauteuils sont pliés. Ils se déplacent grâce à une pile à combustible hydrogène installée au plafond. Fabriqués de manière artisanale spécialement pour les Jeux paralympiques, ces bus non homologués bénéficient d’une dérogation afin de pouvoir circuler sur tous les sites de Paris 2024.

Pour compléter son dispositif de mobilités des JO, Toyota fournit aussi 250 modèles électriques C + walk (assis et debout), conçus pour une personne à mobilité réduite et 200 « 3e roue motorisée » (Yosh-e).


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