Rude semaine pour l’exécutif. Après la présentation du projet de loi de finances (PLF) 2025 et celui du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) en conseil des ministres ce jeudi 10 octobre, une autre échéance l’attend, à peine 24 heures après. L’agence de notation Fitch va mettre à jour la note de la France vendredi dans la soirée. Elle ouvre le bal, avant Moody’s qui rendra son verdict le 25 octobre, puis S&P qui clôturera la saison le 29 novembre.
Une décision surveillée comme de l’huile sur le feu. Ces organismes sont chargés d’évaluer la capacité des emprunteurs, de l’État aux entreprises en passant par les collectivités locales, à rembourser leur dette. Ils ont été sous le feu des projecteurs pendant la crise des subprimes et celle des dettes souveraines, accusés tour à tour de ne pas avoir su voir le danger ou d’avoir accentué la panique sur les marchés.
En 2012, S&P a été la première à priver la France de son AAA. Les autres ont suivi, et la France a vu sa note dégringoler jusqu’à AA (AA2 pour Moody’s, qui utilise un système différent des deux autres). Puis leur rôle a été moins visible dans l’Hexagone : la dette semblait ne plus être un problème grâce à l’apparition du phénomène magique des taux au plancher, voire négatifs.
Coup de tonnerre
De 2015 à 2023, elles n’ont plus fait parler d’elles. Leurs décisions ont fait leur retour sur la scène politique française en avril 2023, lorsque Fitch a dégradé la note de la France (AA-) juste après le chaos de la réforme des retraites. Le 31 mai dernier, c’est S&P qui a réduit la note de la France de AA à AA-.
Faut-il s’attendre à un nouveau coup de tonnerre dans les prochaines semaines ? A priori, cela n’aurait rien d’étonnant vu notre situation économique et politique. Un gouvernement fragile est censé rétablir nos finances publiques, en plein dérapage budgétaire (un déficit de plus de 6 % attendu cette année, du jamais-vu hors période de crise).
Même les investisseurs s’affolent : le taux d’intérêt espagnol est désormais inférieur à celui de la France, ce qui signifie qu’ils ont plus conscience dans les capacités de notre voisin ibérique à honorer sa dette… Et les agences de notation ont désormais tendance à suivre les marchés plutôt qu’à les précéder. La décision de Moody’s est particulièrement observée, car cette dernière n’a pas modifié la note de l’Hexagone depuis 2015.
Attentisme
Pourtant, le pire est loin d’être certain. « Malgré la crise budgétaire, les agences risquent d’être paradoxalement attentistes : elles voudront sans doute attendre de voir ce qui se passera au Parlement, analyse Norbert Gaillard, économiste et spécialiste du risque souverain. Le plus probable est que la note de la France soit confirmée, avec éventuellement une perspective négative ou alors une mise sous surveillance négative. »
Dans le premier cas, l’agence indiquerait que le risque de dégradation est devenu plus important. Dans le second cas, une décision de dégradation pourrait arriver dans les trois mois, en fonction de l’évolution de la situation, avant même la prochaine échéance officielle (au printemps 2025). Un court répit… Mais, d’ici là, aurons-nous toujours le même gouvernement ?