« Il faudra encore chercher des économies partout »

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Au lendemain de la présentation par le gouvernement de Michel Barnier de son projet de budget pour 2025, François Écalle, ancien magistrat à la Cour des comptes, nous livre son avis. 

Le Point : Le gouvernement a présenté jeudi son projet de loi de finances (PLF) et son projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Pensez-vous qu’ils soient à la hauteur de l’objectif de Michel Barnier (viser 5 % de déficit l’an prochain et 3 % en 2029) ?

François Écalle : Les 3 % en 2029 sont à ce stade totalement hypothétiques. Pour 2025, c’est possible, mais c’est encore fragile. Sur le plan macroéconomique d’abord, la croissance pourrait être plus faible qu’attendu. Il est possible que le gouvernement sous-estime un peu l’effet récessif. On voit bien également où se trouvent les 30 milliards d’impôts en plus : les 20 milliards annoncés par le gouvernement, la baisse des allègements de charges qu’il comptabilise comme une économie d’aides aux entreprises, alors que c’est bel et bien une hausse des prélèvements obligatoires, et une partie de la hausse de la taxe intérieure sur la consommation d’énergie. Pour les dépenses, c’est moins évident et je ne suis pas certain que l’on attendra les 40 milliards d’économies. À la décharge du gouvernement actuel, c’est toujours plus difficile de documenter les économies. Les impôts, c’est facile de les augmenter.

Pourquoi est-ce moins évident de trouver des économies ?

Regardons les dépenses de collectivités locales : c’est bien beau de dire qu’elles vont baisser de 5 milliards, mais elles sont autonomes et le seul levier sur lequel peut jouer l’État à court terme, c’est celui des ressources. À moyen terme, il faudrait clarifier le millefeuille local, mais ce n’est pas pour demain. Pour les dépenses de l’État, on peut toujours dire que l’on va fusionner des services ou des opérateurs, mais cela prend du temps, et les économies espérées ne sont pas toujours au rendez-vous, car on ne peut pas licencier les fonctionnaires… Après, il existe des mesures techniquement simples, comme le gel temporaire des pensions, mais qui sont plus difficiles à mettre en œuvre politiquement.

On cherche un peu les réformes structurelles…

Oui, c’est un peu du rabot, mais je ne suis pas totalement contre. Il y a urgence pour 2025 et, dans ce cas-là, c’est bien pratique. Le gouvernement n’avait pas le temps. Mais il faudra effectivement aller plus loin pour atteindre les 3 % en 2029, et jouer sur tous les tableaux : la retraite, les dépenses de santé, les dépenses locales, l’éducation, la fonction publique… Il faudra chercher des économies partout.


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