Jean-Pierre Farandou se défend devant le Sénat

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Un « fusible », un « bouc émissaire ». Ce mardi 7 mai après-midi, les sénateurs se sont émus du sort réservé à Jean-Pierre Farandou, le PDG de la SNCF, dont le mandat ne sera pas prolongé après les JO de Paris. Le cheminot, qui dirigeait l’entreprise ferroviaire depuis 2019, espérait voir son mandat renouvelé jusqu’en juillet 2025, date à laquelle il aurait dû quitter ses fonctions car atteint par la limite d’âge, à 68 ans.

« À l’issue des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat seront saisis par le président de la République du nom du successeur envisagé de M. Jean-Pierre Farandou », a fait savoir le gouvernement dans un communiqué publié en fin de matinée, quelques heures avant l’audition du PDG de la SNCF par la commission de l’Aménagement du territoire et du développement durable du Sénat.

Une décision « brutale » unanimement dénoncée par les sénateurs de la commission. « Qu’il est injuste par rapport à votre action plus que positive pendant cinq ans que vous soyez le fusible de certains qui n’assument pas leurs positions et leurs directives », a déclaré le sénateur LR Philippe Tabarot. Jean-Pierre Farandou a été convoqué il y a quelques jours par le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, après la polémique provoquée par la signature d’un accord sur les fins de carrière.

Cet accord prévoit l’amélioration du dispositif de « cessation anticipée d’activité », déjà en vigueur depuis seize ans à la SNCF. Ces nouvelles mesures permettront aux cheminots de partir neuf mois avant la retraite, avec un salaire maintenu à hauteur de 75 %. Pour les métiers « pénibles », ce départ sera possible douze mois avant, cette préretraite étant rémunérée à 75 %. Enfin, les contrôleurs, responsables d’une grève pendant le chassé-croisé des vacances d’hiver, ont obtenu le droit de raccrocher dix-huit mois avant leur retraite, avec un salaire maintenu à 75 %.

Le gouvernement pas au courant ?

Cet accord très généreux, qui a « agréablement surpris » le syndicat Unsa Ferroviaire, selon son secrétaire général Didier Mathis, a provoqué la polémique. L’Élysée, Matignon, Bercy et même le ministère des Transports ont affirmé au Point ne pas avoir été mis au parfum. « Cet accord sur les retraites n’est pas satisfaisant à mes yeux », a renchéri Bruno Le Maire sur BFMTV, jeudi 2 mai. Mais le gouvernement pouvait-il vraiment ignorer la signature de cet accord, la SNCF étant détenue à 100 % par l’État ?

Cette question a été au cœur de l’audition de Jean-Pierre Farandou ce mardi après-midi. Sans mettre directement en cause la parole de l’État, le PDG de la SNCF a assuré avoir toujours mis dans la boucle le ministère des Transports et Matignon. Il a par ailleurs souligné que Matignon avait encouragé les entreprises à « ouvrir une perspective de sortie de crise » en lançant des négociations sur la pénibilité et les fins de carrière, après la réforme des retraites. Les négociations sur les fins de carrière avaient été évoquées dans une interview au Monde, le 22 février, a-t-il rappelé. « Tout le monde peut lire Le Monde, je ne comprends pas les accusations d’opacité », a-t-il fait savoir.

Un accord « raisonnable »

« C’est un bon accord qui ne contourne pas la réforme des retraites. Son coût est raisonnable et ne coûtera rien au contribuable, rien au client et rien aux caisses de retraite », a défendu Jean-Pierre Farandou, en évoquant le chiffre de 35 millions d’euros pour financer ces mesures. « Je peux bien financer 35 millions, j’ai 1,3 milliard de résultat net », a assuré le PDG, en rappelant son bilan à la tête de la SNCF.

Pour justifier cet accord, le PDG de la SNCF a aussi rappelé les conditions de travail des cheminots. « 91 000 cheminots tiennent un emploi pénible selon la réglementation, soit deux tiers des cheminots », a-t-il expliqué, décrivant des salariés qui, pour certains, « travaillent en trois huit. Ils commencent à 4 heures du matin pour finir à 12 heures, puis la semaine d’après 12 heures-20 heures et après 20 heures-4 heures du matin ». « Il y a un sujet de pénibilité », a-t-il insisté.

Jean-Pierre Farandou a assuré que ces mesures lui permettront de mieux « gérer les effectifs », puisque les cheminots qui partiront à la retraite avec le dispositif de cessation anticipée d’activité ne seront pas immédiatement remplacés. « Aujourd’hui, les contrôleurs doivent déposer leurs préavis six mois avant leur départ à la retraite. Il nous faut un an pour former un conducteur. Si on est prévenus plus tôt, on aura plus de temps pour les former », a-t-il encore justifié.


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