La situation est, à ses yeux, de plus en plus dramatique. Interrogée par Les Échos ce mercredi 27 novembre, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, n’est guère rassurante quant à l’état du monde du travail actuel en France : « Il y a une accélération très forte de la dégradation de la situation », rejette-t-elle, prenant en exemple les plans de licenciement et les emplois menacés.
Ce décompte, explique-t-elle, est réalisé à partir des remontées des militants du syndicat majoritaire dans le pays. « En mai dernier, nous avions dénombré 130 plans de licenciement. Nous en avons une centaine de plus […] Au total, nous sommes à près de 250 plans de licenciement en préparation, concernant entre 170 000 et 200 000 emplois », décrit la syndicaliste, qui prédit « une véritable saignée » et un « raz-de-marée ». Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, ne dit pas moins que cela.
À LIRE AUSSI Budget 2025 : Sophie Binet s’en prend à Guillaume KasbarianLa responsabilité, selon elle, incombe aux grandes entreprises, « qui ont fait le choix pendant la période d’inflation d’augmenter leurs marges et leurs prix pour augmenter les dividendes. Avec pour conséquence une baisse des investissements, une baisse des salaires en euros constants et donc une réduction de la consommation ».
Renforcer la loi Florange
« L’Europe Bisounours doit aussi se remettre en question », appelle-t-elle de ses vœux, souhaitant un retour à des prix de l’énergie régulés pour l’industrie. « Sur le long terme, il y a nécessité d’engager collectivement un travail de fond avec les filières de production en France. Il faut anticiper à cinq, voire dix ans », préconise Sophie Binet, qui plaide également pour un renforcement de la loi Florange.
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Cette loi oblige, depuis 2013, les entreprises de plus de 1 000 salariés qui envisagent la fermeture d’un site à chercher préalablement un repreneur et à consulter le comité social et économique à cet égard. La cheffe de file de la CGT souhaite abaisser le seuil aux entreprises de plus de 50 salariés. « La loi Florange, en l’état actuel, ne permet pas non plus d’empêcher que certaines entreprises préfèrent fermer leur site plutôt que de le céder à la concurrence. »
Ses propos, ceux d’un syndicat inquiet, ne sont pas sans rappeler ceux du président du Medef, Patrick Martin. Vendredi 22 novembre, il estimait que le projet de loi de finances, dans sa forme actuelle, obligerait les sociétés à supporter « 8 à 9 milliards du coût du travail en plus. C’est l’équivalent de 350 000 emplois », selon lui.