la piscine à vagues de Sevran ou l’histoire d’un projet houleux

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Les Jeux olympiques à Paris organisés cet été devaient être l’occasion de moderniser des infrastructures et d’en construire d’autres dernier cri. Mais bien des chantiers annoncés en grande pompe n’ont pas abouti. Le Point revient sur trois histoires abracadabrantes. Aujourd’hui, faisons un arrêt à Sevran.

C’est en 2016 que la mairie de Sevran en Seine-Saint-Denis imagine une piscine à vagues doublée d’un ambitieux projet immobilier (Terre d’eaux et de culture) destiné à accueillir les épreuves de surf des Jeux olympiques de Paris 2024. Mais très vite, cette infrastructure cristallise les oppositions. À tel point qu’en mai 2021, après plusieurs semaines de consultations citoyennes, le Comité d’organisation des Jeux olympiques, présidé par Tony Estanguet (Cojo) et la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) jettent l’éponge alors même que le complexe sportif avait été confié à Grand Paris Aménagement (GPA), acteur important de l’aménagement urbain en Île-de-France, pour un coût initial de 250 millions d’euros. Que s’est-il passé pour en arriver à un tel revirement ?

À LIRE AUSSI Opération rafistolage à la gare du Nord pour les JOStéphane Gatignon, maire de Sevran de 2001 à 2018 et instigateur du projet, rêvait d’une infrastructure qui profite à tous les habitants de la commune. Mais dès le début, un bras de fer s’engage entre l’association Environnement 93 et GPA ainsi qu’avec le promoteur immobilier Linkcity. Pour Francis Redon, président de l’association Environnement 93, et premier opposant à la construction : « Cette piscine ne respectait pas le critère environnemental voulu par les organisateurs des JO. Dès le départ, nous nous sommes mobilisés à fond pour montrer à quel point le projet était fantasque. »

L’opposition de la Fédération

La piscine prévoyait notamment un gigantesque bassin de 25 000 m3 capable de générer 700 vagues par heure. L’opposant Redon pourfend encore : « On a tenté de nous faire croire que ce bassin serait exclusivement alimenté par les eaux pluviales, ce qui est une énormité. Les nappes phréatiques auraient bien évidemment été mises à contribution. C’est pourquoi on avait attaqué GPA devant les tribunaux afin d’obtenir le retrait du permis de construire. » Une version partagée par Stéphane Blanchet, actuel maire Divers gauche de Sevran : « Le projet était discutable. Il n’y avait pas de pour ou contre, la décision n’était pas figée mais il fallait en discuter. »

Pour se défaire de la polémique, le nouveau maire décide d’organiser alors un conseil participatif de 28 membres répartis en quatre collèges mêlant citoyens, élus et associations. « Au début des concertations, on avait des études qui ne montraient pas du tout le réel impact écologique du projet, raconte-t-il. Ces discussions ont permis de faire intervenir des organismes publics, donc plus indépendants, qui ont montré le véritable coût de la piscine à vagues ainsi que du projet immobilier. » La Fédération française de surf et le Syndicat des professionnels du surf ont également pu par exemple prendre part aux échanges en se montrant hostile au projet de piscine à vagues. « Les surfeurs professionnels ont travaillé pour que cette vague ne se fasse pas. Ces gens-là ont la fibre environnementale, plus que les promoteurs immobiliers », ironise Francis Redon d’Environnement 93, qui était aussi autour de la table de discussion.

Toujours est-il que la teneur de ces concertations citoyennes a poussé le Cojo a envisagé un autre site pour accueillir les épreuves de surf des JO. Le choix de Tahiti et de sa célèbre vague de Teahupo’o s’est rapidement imposé, soutenu par les professionnels du surf, là où les vagues sont aussi belles que naturelles. Un choix que le maire de Sevran, Stéphane Blanchet, ne semble pas regretter : « Avec le recul, je pense que personne n’y croyait vraiment. Les tarifs pour l’utilisation de la vague tournaient autour de 50 euros de l’heure, complètement inadaptés à la situation sociale locale. De plus, les acteurs privés ne finançaient pas la totalité du projet et la commune ne pouvait pas suivre. Le choix d’un site naturel me paraît plus judicieux, moins coûteux, plus consensue.l » Même si Tahiti se trouve à 16 000 kilomètres de Paris.


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