le cadeau de Noël de Christine Lagarde

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À Francfort, la présence du marché de Noël ne suffit pas à rendre le ciel bas et gris plus festif. Dans une double tour qui transperce ce dôme de plomb, le siège de la Banque centrale européenne (BCE) accueille, lui aussi, une tradition de la ville : le conseil des gouverneurs. Pour sa dernière décision de l’année 2024, il n’y a pas vraiment eu de surprise dans le paquet-cadeau dévoilé par les banquiers centraux.

Du haut du 41e étage, cet organe de décision, composé des six membres du directoire et des gouverneurs des banques centrales nationales des pays de la zone euro, a décidé ce jeudi 12 décembre de baisser ses taux d’intérêt de 0,25 point. Une décision prise à l’unanimité. C’est ce qu’attendaient les principaux observateurs. Après avoir mené une politique restrictive pour combattre l’inflation née de la pandémie de Covid et avivée par la guerre en Ukraine, la BCE a commencé en juin dernier à baisser ses taux.

Comme le veut une autre coutume, Christine Lagarde, la présidente de la BCE, s’est ensuite présentée devant des journalistes du monde entier pour se livrer à l’exercice millimétré de la conférence de presse. Dans un silence seulement troublé par le flash des photographes, l’ancienne ministre française de l’Économie a rangé ses notes et a ajusté ses lunettes. Avant de débiter sur un ton neutre un discours indiquant les raisons qui ont amené le Conseil des gouverneurs à aller un peu plus loin dans l’assouplissement de sa politique. « Le processus de désinflation est en bonne voie », a-t-elle martelé.

France, Allemagne… Les nuages s’accumulent

Celle dont chaque mot est pesé au trébuchet a ensuite été cuisinée sur la disparition dans le communiqué de presse d’un passage obligé de ces dernières années, celui indiquant que les taux devaient rester « restrictifs aussi longtemps que nécessaire » pour ramener l’inflation à l’objectif. La bataille contre la flambée des prix n’est pas encore totalement gagnée, mais la pente est bonne.

Même si ce n’est pas officiellement dans son mandat, la BCE doit désormais faire face à un autre danger : celui d’une croissance qui flanche. « Les services de l’Eurosystème anticipent désormais une reprise économique plus lente que dans les projections de septembre », a-t-elle indiqué.

En effet, les nuages s’accumulent au-dessus de la zone euro. Élection de Donald Trump aux États-Unis, tensions géopolitiques, absence de budget en France, turbulences politiques en Allemagne… Interrogée sur la situation française, l’ancienne ministre de l’Économie a quelque peu botté en touche en indiquant qu’elle ne commentait pas la situation pays par pays.


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Mais la situation est évidemment scrutée de près à Francfort. Si le micmac budgétaire se poursuivait et que les marchés sanctionnaient Paris, la BCE se retrouverait en première ligne. Depuis cet été, un débat anime les experts : serait-elle obligée de sauver la France  ? Des instruments existent, mais ils ne peuvent pas être dégainés à tout-va, au risque de créer un aléa moral…

Pour l’économie française, embourbée dans un épais brouillard dû à l’absence de vote du budget, ce desserrement de la politique monétaire est, en tout cas, une bonne nouvelle. Cette décision devrait donner un peu plus d’air aux taux d’emprunt français, sous tension à cause de la crise politique. Entreprises et ménages devraient également en profiter, même si l’effet de la baisse des taux n’est jamais instantané. Il existe un délai de transmission, qui est difficile à estimer. Reste maintenant à savoir si l’année 2025 sera aussi chaotique qu’attendu… Faut-il espérer un miracle de Noël ?


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