le coût de la fusion entre Radio France et France Télévisions, une question taboue

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Après la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la télévision numérique terrestre, un nouveau feuilleton a débuté ce jeudi : la réforme de l’audiovisuel public. Le premier épisode est celui d’une grève à Radio France et à France Télévisions, tandis que les députés ont reporté à juin l’examen la proposition de loi de réforme de l’audiovisuel du sénateur UDI Laurent Lafon, en raison d’un agenda trop chargé.

La ministre de la Culture Rachida Dati et le gouvernement ont fixé le cap. Ils veulent une holding réunissant début 2025 les deux groupes publics et l’Institut national de l’audiovisuel (INA), puis une fusion programmée pour le 1er janvier 2026. Le pôle extérieur France Médias Monde (France 24, RFI…) pourrait rester en dehors du périmètre, à la demande du Quai d’Orsay.

À LIRE AUSSI Ce que coûte l’audiovisuel public en FrancePour l’exécutif et le pouvoir législatif, il s’agit de montrer un audiovisuel public plus fort et moins dispersé face à la concurrence des plateformes américaines de streaming. « Une BBC à la française » ou un ORTF version contemporaine. Pour les syndicats, la fusion est « longue, complexe, anxiogène pour les salariés, et sans réel objectif éditorial ».

Harmoniser les statuts des employés

Une question explosive a été cachée sous le tapis jusqu’à présent : celle du coût d’une éventuelle fusion. Aucune étude solide ne permet de la chiffrer. Une estimation de 20 à 30 millions d’euros avait été évoquée par le passé. « Ce chiffre est largement sous-estimé », déplore un élu, qui avance le montant d’une centaine de millions d’euros. Pourquoi ? Principalement en raison de l’harmonisation nécessaire des statuts des employés des sociétés publiques. « L’alignement des statuts du personnel a un coût non négligeable. Ils sont différents dans chaque maison », souligne le sénateur Laurent Lafon.

À LIRE AUSSI « Vous auriez dû licencier Guillaume Meurice en octobre ! » : mais que se passe-t-il à Radio France ? Qui dit fusion dit a priori amélioration des statuts des employés de Radio France, généralement moins bien traités que ceux de France Télévisions… Les journalistes qui travaillent sur les radios publiques (France Inter, France Info, France Culture, FIP…) gagnent, par exemple, moins que leurs homologues de France 2. Un nivellement des statuts et des salaires par le bas semblant exclu, la solution serait de les augmenter en les alignant sur ceux de France Télévisions. La masse salariale de Radio France pèse environ 400 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 680 millions d’euros en 2022, celle de France Télévisions environ 900 millions d’euros pour un budget total de 3 milliards d’euros, et celle de l’INA 67 millions d’euros pour des ressources publiques de 88 millions d’euros.

Timing de la fusion

Chaque maison pourrait demander des gestes du gouvernement. Or, comme on l’a vu lors des récentes négociations à la SNCF, où a été signé un accord qui prévoit une amélioration du dispositif de retraite anticipée, il semble disposé à faire des concessions importantes afin d’obtenir la paix sociale. Lors des discussions autour de la réforme de l’audiovisuel, Bercy a fait savoir qu’il n’y aurait pas un euro de plus pour la fusion. En revanche, le gouvernement, conscient que le futur groupe public aura besoin de ressources propres, a accepté l’idée de déplafonner les recettes de l’audiovisuel public. Dénoncée par les concurrents privés, la mesure permettrait de redonner une marge de manœuvre aux groupes publics lors des négociations avec les syndicats.

Quoi qu’il en soit, la fusion prendra du temps. Il faudra étudier dans le détail comment réorganiser les métiers, quelles sont les missions, quelles sont les structures regroupées et celles qui restent au niveau des marques, etc. « La fusion ne sera pas réalisée au 1er janvier 2026. On peut l’écrire dans la loi mais, dans les faits, elle prendra plusieurs années. C’est du reste un point que nous allons étudier au Sénat. Ne faut-il pas donner plus de temps à la holding pour préparer sereinement la fusion ? » s’interroge Laurent Lafon. La grève de ce 23 mai a montré à quel point les salariés de Radio France sont inquiets.


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