Qui est riche en France ? L’Observatoire des inégalités livre sa réponse dans la troisième édition de son rapport sur les riches, publié le 5 juin. Ainsi, sont considérées comme « riches » les personnes seules gagnant au moins 3 860 euros par mois, après impôts. Chez les couples, le niveau de revenus doit dépasser 5 790 euros. Quant aux familles avec deux adolescents de plus de 14 ans, l’Observatoire fixe le seuil de richesse à 9 650 euros par mois, toujours après impôts.
Si l’on devait brosser le portrait-robot du Français riche, il serait un homme. « Il y a deux fois plus d’hommes que de femmes parmi les 10 % des salariés les mieux payés », constate l’Observatoire des inégalités. Cet homme exercerait la fonction de cadre, aussi bien dans le privé que dans le public : 25,5 % des cadres sont riches, contre 1 % des ouvriers ! Ce Français riche aurait également entre 60 et 64 ans (15 % des ménages dont la personne de référence entre dans cette classe d’âge est riche, contre 1 % pour les moins de 30 ans).
Moins de riches, mais des riches plus riches
Au total, dit le rapport, environ 4,7 millions de personnes sont riches en France, soit 7,4 % de la population en se basant sur les données 2021 de l’Insee. L’Observatoire des inégalités observe cependant une baisse du nombre de riches dans le pays. Ils étaient 5,5 millions en 2011, soit 800 000 de plus qu’aujourd’hui.
Pour autant, si le nombre de riches a diminué, ceux-ci sont un peu plus riches qu’auparavant. La moitié d’entre eux ont un niveau de vie supérieur à 1,28 fois le seuil de richesse fixé par l’Observatoire, contre 1,26 fois en 2011. Sans surprise, la progression des revenus des plus aisés est tirée par le sommet de la pyramide des revenus. « Le 1 % le plus riche captait 7,7 % de l’ensemble des revenus avant impôts au début des années 1980 », indique le rapport. Cette part atteint 12,7 % en 2022, selon le World Inequality Database.
Un seuil de richesse qui fait débat
Il faut s’accrocher un peu pour comprendre comment l’Observatoire des inégalités est parvenu à fixer son seuil de richesse. Dans le détail, l’association a décidé de s’inspirer du calcul du seuil de pauvreté. Pour mémoire, il correspond à 60 % du revenu médian, selon l’Insee, ou à 50 %, selon l’OCDE. Ce revenu médian (la moitié des Français gagnent moins, l’autre plus) s’établit aujourd’hui à 1 930 euros par mois, après impôts et prestations sociales, pour une personne seule.
Revenons au seuil de richesse. L’Observatoire des inégalités a choisi de considérer comme « riches » les personnes qui gagnent 200 % du revenu médian, soit deux fois 1 930 euros. Voilà comment ils atterrissent sur les 3 860 euros mensuel pour une personne seule.
Comme l’écrit le sociologue Julien Damon dans une chronique au Point, il s’agit d’un « choix conventionnel ». Et il fait débat. Notamment car on pourrait lui reprocher d’être arbitraire. L’Insee refuse, à ce titre, de concocter son propre seuil de richesse. Un poil politique et, surtout, monstrueusement complexe. Prenons le cas des agriculteurs. Ceux-ci gagnaient en moyenne 1 860 euros par mois en 2021, soit deux fois moins que le seuil de richesse fixé par l’Observatoire des inégalités. Sauf que les agricultures qui possèdent leurs terres ou sont propriétaires d’un bâtiment agricole disposent en plus d’un patrimoine important.
Conscient de ce biais statistique, l’Observatoire des inégalités se penche aussi sur le patrimoine. Elle range dans la catégorie des « riches » les 5 millions de Français (16,9 % de la population) dont le patrimoine est supérieur à 531 000 euros, soit trois fois la médiane nationale. Les riches se distinguent aussi par leur recours plus répandu aux services à la personne (personnel de ménage, jardinier…). Ainsi, 40 % du top 10 % des ménages aisés font appel à ces services, contre seulement 6 % parmi les 10 % les plus pauvres.
