Les députés, qui examinent le projet de budget 2025, ont approuvé la semaine dernière l’alourdissement de la fiscalité sur le transport aérien proposé par le gouvernement. Ce dernier a accepté toutefois de limiter la durée de l’augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA, dite « taxe Chirac ») à un an et en excluant du dispositif l’outre-mer et la Corse. Cette exclusion pose toutefois question, un tel dispositif d’aménagement de la même taxe en 2019 ayant déjà été retoqué par Bruxelles. Or la loi de l’Union européenne n’a pas changé. À Bercy, maison mère de la fiscalité française, on ne s’en serait pas aperçu… Quant à la limitation à un an, il faut y croire très fort, en sachant qu’il est toujours plus simple de reconduire une disposition existante.
Dans les cockpits, dans les cabines des avions, dans les centres de maintenance, les aéroports ou les services au sol, on s’inquiète. À tort ou à raison. La motivation des pilotes pour une grève qui ne concerne pas directement leur rémunération, reste modeste et la direction nationale du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) appelle plus à une mobilisation de ses adhérents qu’à une grève. Pas de mot d’ordre de grève du SNPL Air France, du SNPL Air Caraïbes ou du SNPL Corsair. Jeudi, les vols seront assurés et partiront à l’heure (au moins comme à l’habitude).
Les professionnels protégés par les réglementations
À vrai dire, on peut s’interroger sur la finalité de l’action du personnel navigant. Sauf forte chute du trafic, l’avenir de la profession n’est jamais menacé, protégée par des règles très strictes d’utilisation. Ainsi, le ratio international d’un personnel de cabine pour cinquante passagers est incontournable quel que soit le type d’avion de plus de vingt sièges. En quelques divisions et multiplications, à partir des prévisions de trafic en termes de nombre de passagers, on peut connaître l’effectif d’hôtesses et de stewards à former chaque année dans un pays précis, ou dans le monde.
De même, toujours en transport commercial de passagers, deux pilotes doivent être aux commandes d’un avion, renforcés au-delà de 8-9 heures de vol par un troisième, voire un quatrième pour 12-14 heures. L’emploi est défendu, guidé par les codes de l’aviation civile qui protègent des éventuels excès des fusions-acquisitions.
Des hausses modérées et symboliques
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L’augmentation de la TSBA devrait relever les tarifs sur les billets d’avion pour les vols en classe Économique de 2,60 euros par passager à 9,50 euros, pour une destination européenne, de 7,50 euros à 15 euros pour les destinations moyen-courriers, et de 7,50 euros à 40 pour les destinations long-courriers, selon le rapporteur général du budget, Charles de Courson (Liot).
À LIRE AUSSI Transport aérien, la bataille du QuébecVendredi 8 novembre, le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith, avait réaffirmé son opposition et estimé qu’en excluant les territoires ultramarins et la Corse de cette augmentation de taxe, les députés avaient « reconnu » les risques d’une telle mesure pour « la compétitivité des compagnies françaises ». Depuis vingt ans, le pavillon français perd 1 % de trafic par an qui revient aux compagnies étrangères moins taxées.