Le sondeur partenaire du Point, Cluster17, est formel : la dette publique donne désormais des sueurs froides aux Français. 77 % d’entre eux considèrent en effet que le niveau d’endettement du pays a atteint un niveau « très élevé », selon une enquête réalisée sur un échantillon représentatif de 1 641 personnes, du 22 au 24 septembre.
À la question « diriez-vous que le niveau de la dette publique vous inquiète ? », 81 % des personnes interrogées répondent par l’affirmative. La plupart d’entre elles ( précisément 51 %) affirment même : « Oui, beaucoup. » Compte tenu de l’état très dégradé des finances publiques, avec une charge d’intérêts de la dette qui devrait dépasser le budget des armées dès cette année [c’est-à-dire 55 milliards d’euros contre 53,7 milliards d’euros, selon le projet de loi de finances 2024, NDLR] et qui pourrait égaliser le budget de l’Éducation nationale, soit environ 65 milliards, l’an prochain, on ne saurait leur donner tort.
Un consensus assez large pour une baisse des dépenses de l’État
Sans surprise, droite et gauche restent toutefois divisées sur cette question. Si 77 % des électeurs de Valérie Pécresse et 69 % de ceux de Marine Le Pen à la dernière élection présidentielle disent ressentir « beaucoup » d’inquiétude, de même que 44 % des soutiens d’Emmanuel Macron, devant notre stock de dette (3 228,4 milliards d’euros, selon le dernier pointage officiel de l’Insee), ce sentiment n’est partagé que par 20 à 35 % des électeurs de Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon.
Une fois le problème posé, que faire ? « Les Français expriment un consensus assez large en faveur d’une réduction des dépenses de l’État », relève Stéphane Fournier, analyste chez Cluster17 et auteur de l’étude. Ainsi, 46 % des Français contactés par l’institut de sondage estiment qu’il faut réduire les dépenses de l’État, 38 % pensent qu’il faut à la fois augmenter les recettes et diminuer les dépenses, tandis que seulement 33 % sont en faveur de l’augmentation des recettes sans réduction des dépenses.
Seuls 10 % des Français sont pour une hausse de l’impôt sur les sociétés
Où donc faudrait-il couper ? En la matière, « les réponses sont beaucoup plus difficiles à interpréter », poursuit Stéphane Fournier. « Les sondés sont indécis : 18 % estiment qu’il faut baisser le budget de la culture, 16 % celui de la défense, 16 % celui consacré à l’environnement et, enfin, 14 % veulent baisser les dépenses à l’égard des collectivités territoriales. »
Notons enfin que 17 % des sondés ont répondu « autres », citant la réduction « du train de vie de l’État » et des administrations, le rabotage des aides sociales, la réduction des subventions à certaines associations ou encore la fin des « niches fiscales ».
Dans le même temps, les deux tiers des personnes interrogées, dont 79 % des électeurs Insoumis et 69 % des électeurs écologistes, se déclarent favorables à la taxation des « plus aisés ». Cela n’a rien d’étonnant sachant que « les trois quarts des Français ne se mettent pas dans cette catégorie », dixit Stéphane Fournier. Plus surprenant, seuls 10 % des Français s’expriment en faveur d’une hausse de l’impôt sur les sociétés. À croire qu’ils ont compris que, dans une économie ouverte sur le monde, alourdir nos entreprises ne ferait que grever leur compétitivité et, à terme, remonter le chômage. De quoi donner du grain à moudre au gouvernement de Michel Barnier.