81 morts dans un raid jihadiste présumé sur un village du nord

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Au moins 81 personnes ont été tuées et d’autres sont portées disparues après une nouvelle attaque jihadiste dans le nord-est du Nigeria, selon des autorités locales. Selon la police de l’Etat de Yobe, environ 150 membres présumés du groupe Boko Haram, munis d’armes à feu et de grenades, ont attaqué à moto le village de Mafa le 1er septembre vers 16 heures. « Nous pensons qu’il s’agit de représailles concernant l’assassinat de deux terroristes de Boko Haram par des groupes d’autodéfense du village », a déclaré à l’Agence France Presse le porte-parole de la police, Abdulkarim Dungus.

Les jihadistes ont plusieurs fois accusé les habitants de Mafa d’aider l’armée dans ses opérations contre Boko Haram. Les assaillants « ont mis le feu aux maisons, qui étaient pour la plupart des habitations en toit de chaume, et ceux qui se cachaient à l’intérieur ont été brûlés vifs », a indiqué un agent administratif du gouvernement local de Tarmuwa, où se trouve Mafa, souhaitant garder l’anonymat, après s’être entretenu avec un habitant de Mafa qui a réussi à échapper à l’attaque.

D’après Bulama Jalaluddeen, porte-parole du président du gouvernement local de Tarmuwa, 34 cadavres ont été enterrés à Babban Gida, siège du gouvernement local du territoire, et trente autres sont toujours à Mafa : « Quinze corps avaient déjà été enterrés par leurs proches lorsque les soldats sont arrivés à Mafa pour l’évacuation des corps. Et un nombre indéterminé de victimes des villages voisins qui ont été prises dans l’attaque ont été emmenées et enterrées par leurs proches avant l’arrivée des soldats. »

La police n’a, elle, pas donné de bilan pour le moment. Mais elle estime que Boko Haram a tué « de nombreuses personnes et incendié de nombreux magasins et maisons » durant cette attaque.

Les communautés rurales pillées et rackettées

Les villages de l’Etat de Yobe, composés majoritairement d’agriculteurs et d’éleveurs, sont souvent pillés ou rackettés par des jihadistes de Boko Haram et de sa faction rivale, l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap). Ces dernières années, les jihadistes ont intensifié dans le nord du pays leurs attaques contre les agriculteurs, les bûcherons, les bergers ou les pêcheurs, qu’ils accusent de renseigner l’armée et les milices locales qui les combattent.

Fin octobre 2023, la police, aidée par des villageois, avait tué plusieurs jihadistes près du village de Kayayya, après que les habitants ont reçu plusieurs menaces. En représailles, les jihadistes avaient ensuite tué 37 personnes en deux jours dans deux villages de l’Etat de Yobe, dont 20 qui revenaient des funérailles des personnes tuées la veille.

L’insurrection jihadiste qui dure depuis plus de quatorze ans dans le nord du pays a déjà fait plus de 40 000 morts et plus de 2 millions de déplacés. Les combattants jihadistes de Boko Haram et de l’Iswap ont perdu du terrain dans le nord-est du Nigeria au fil des années, mais continuent d’attaquer les communautés rurales. Outre l’insurrection jihadiste, le pays le plus peuplé d’Afrique, avec plus de 220 millions d’habitants, est également confronté à de puissants gangs criminels, des combats intercommunautaires et des tensions séparatistes.

Le Monde avec AFP

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