A Boulogne-Billancourt, une école abrite 345 espèces animales et végétales

L’école primaire publique des sciences et de la biodiversité, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), conçue par l’agence d’architectes Chartier Dalix. La toiture et les façades permettent le développement libre d’une flore et d’une faune endémiques.

De l’extérieur, l’édifice haut de quatre étages ressemble à n’importe quel établissement scolaire moderne. Pourtant, sur cette surface de 6 766 mètres carrés, un exploit architectural et écologique a été réalisé. L’école primaire publique des sciences et de la biodiversité, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), accueille, en plus du gymnase, des 18 salles de classe et des 354 élèves, une biodiversité aussi riche que celle d’un parc urbain.

Le dernier diagnostic, réalisé au printemps 2022 après cinq années d’observations, précise que 345 espèces ont été recensées sur place, 207 végétales (carotte sauvage, achillée millefeuille, anthémis des teinturiers, sauge des prés…) et 138 animales (mésange bleue, rougequeue noir, fauvette à tête noire, pinson des arbres, papillon argus bleu, chauve-souris pipistrelle…).

Sur le flanc du bâtiment, le mur d’enceinte en béton laisse entrevoir de nombreux interstices, renfoncements et crevasses. « Dans nos bâtiments neufs, il n’y a plus d’aspérités, plus de cavités pour accueillir et faire nicher les espèces animales. C’est cet habitat propice à la reproduction que nous avons essayé d’imiter. Des nichoirs ont été intégrés directement à la façade. Cela fonctionne, puisque les oiseaux ont commencé à nicher dès la deuxième année de la construction. Depuis deux ans, nous voyons apparaître les premières colonisations d’algues et de lichens », expose fièrement Aurélien Huguet, l’écologue en charge du projet.

Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance. Pendant près de cent ans, ce quartier francilien a été occupé par les chaînes de montage des automobiles Renault. A partir de 2003 et à la suite du départ de nombreux ouvriers, cette zone industrielle de 37 hectares fait l’objet d’un vaste projet de réaménagement. L’école de la biodiversité voit le jour en 2014. « A l’époque, c’était rare de parler de biodiversité en architecture. Le résultat, c’est que nos bâtiments se stérilisent petit à petit », commente Pascale Dalix, l’architecte du projet.

Des classes bordées de balcons

De récents travaux appellent pourtant à œuvrer en faveur d’une meilleure intégration du vivant dans les projets urbains et à un changement dans les pratiques professionnelles, voire à « une refondation radicale » de la fabrique urbaine. L’école des sciences et de la biodiversité est devenue un des fers de lance de cette approche. Conçu comme un « véritable écosystème », ce projet reproduit les milieux naturels d’un espace non anthropisé.

La clé de voûte du bâtiment, son immense toiture de 2 000 mètres carrésaccessible par une longue pente enherbée partant de la cour, a ainsi été divisée en trois zones principales : un cœur forestier de 550 mètres carrés, qui repose sur une épaisseur de 1 mètre de terre plantée de 220 arbres avec des spécimens pouvant atteindre 10 mètres de hauteur, un sous-bois et, enfin, une prairie de 850 mètres carrés qui accueille différentes variétés de plantes (pérennes, grasses, légumineuses, etc.). Des milliers de graines sauvages y ont été semées afin d’offrir de nombreuses plantes hôtes pour les insectes.

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