A La France insoumise, deux meetings, une guerre froide

Jean-Luc Mélenchon lors de la cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites à Montpellier, le 16 février.

Chacun de son côté. La crise interne au sein de La France insoumise (LFI), née de la réorganisation de la direction, refait surface en pleine réforme des retraites, avec deux meetings organisés jeudi 16 février au soir par le mouvement.

Lire aussi : Manifestations du 16 février contre la réforme des retraites en direct : des cortèges moins importants mais des manifestants déterminés

A Bobigny, en Seine-Saint-Denis, cinq députés « insoumis », François Ruffin, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Eric Coquerel et Raquel Garrido, feront entendre leurs voix, à 19 heures, sur la scène de la Bourse départementale du travail, pour s’opposer au projet de réforme du gouvernement visant à reporter l’âge légal de la retraite à 64 ans. A leurs côtés sont annoncés plusieurs élus de l’union de la gauche : Boris Vallaud, du Parti socialiste (PS), Fabien Gay, du Parti communiste (PCF) et Sabrina Sebaihi, d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Un meeting estampillé Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) comme tant d’autres, au détail près qu’il réunit sur la même estrade les cinq figures de LFI ayant récusé leur absence de la nouvelle direction du parti, en décembre 2022.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés A LFI, vent de révolte contre le « verrouillage » du parti par Jean-Luc Mélenchon

Au dernier moment, Jean-Luc Mélenchon a décidé de ne pas laisser ces frondeurs prendre toute la lumière. A la même heure, à 750 kilomètres de là, le leader des « insoumis » se trouvera à Montpellier pour contester devant plusieurs centaines de personnes le projet de loi du gouvernement. Un événement conçu autour de sa personne, organisé par trois fidèles, les députés locaux Nathalie Oziol, Sylvain Carrière et Sébastien Rome.

« Verrouillage »

Officiellement, pas question d’évoquer les problèmes internes par réunion publique interposée. « Pour l’instant, l’enjeu est de faire bloc dans la bataille des retraites », assure l’élue de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain, promettant de ne « chercher aucun affrontement ». « C’est notre manière à nous de montrer que l’on peut faire des choses utiles à la lutte », corrobore son collègue Alexis Corbière. « Tant mieux s’il y a des meetings le même soir, il y en aurait dix que ça ferait encore mieux », approuve le député du Rhône Gabriel Amard, membre de la direction et proche de M. Mélenchon. « Je préfère la configuration de maintenant à celle du départ », confirme le parlementaire de Loire-Atlantique Matthias Tavel, un autre fidèle, en référence au format Nupes finalement adopté à Bobigny, alors qu’au départ seuls les cinq députés en cause étaient à l’affiche.

Quant à la décision de M. Mélenchon de s’exprimer le même soir, les contraintes de calendrier (c’est l’avant-dernier jour des débats sur les retraites à l’Assemblée nationale) invoquées par ses proches laissent froids ses contradicteurs. « Jean-Luc Mélenchon semble avoir la volonté d’une forme de face-à-face pas souhaitable dans le contexte », estime Mme Autain, jugeant l’attitude du fondateur du mouvement de nature « ni à apaiser ni à rassembler ».

Il vous reste 56.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source