Ali Bongo et les siens, « un caillou dans la chaussure » du général Brice Oligui Nguema

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Des blindés légers barrent les accès de la luxueuse villa que des palmiers dissimulent à la vue des conducteurs circulant sur la route du front de mer, dans le quartier chic de la Sablière, à Libreville. C’est là qu’Ali Bongo Ondimba, dit « ABO », vit reclus depuis le coup d’Etat du 30 août 2023 mené par le chef de sa garde présidentielle, Brice Oligui Nguema.

A la différence de sa femme, Sylvia, et de leur fils aîné, Noureddin, tous deux inculpés et emprisonnés, aucune charge formelle ne pèse sur les épaules de l’ancien président (2009-2023). « Cet entre-deux judiciaire, ni libre ni accusé, ainsi que les conditions de détention de l’ex-première dame et de leur fils sont un caillou dans la chaussure du général Oligui », avance un ancien ministre d’ABO qui, comme beaucoup de nos interlocuteurs, préfère garder l’anonymat dès lors qu’il s’agit de critiquer la junte militaire.

Du côté des autorités, on jure que « le président retraité » est libre de ses mouvements et qu’il peut notamment se rendre à l’étranger pour traiter médicalement les suites du grave accident vasculaire cérébral qu’il a subi en 2018. « Il ne partira pas sans sa famille car il redoute qu’une fois dehors, il ne soit pas autorisé à revenir », corrige Gisèle Eyue Békalé, l’avocate d’ABO, de Sylvia et de Noureddin. « Il ne sort pas de peur d’être lynché dans les rues, donc nous veillons à sa sécurité », rétorque Alexandre Barro Chambrier, ancienne figure de proue de l’opposition, nommé vice-premier ministre dans le gouvernement de transition adoubé par la junte.

Des malles remplies de billets

La rancœur populaire contre celui qui fut propulsé à la présidence du Gabon après la mort de son père, Omar, en 2009, est une réalité. Elle est moindre, toutefois, que celle dirigée contre sa famille proche et son entourage, soupçonnés d’avoir profité de leurs fonctions et de la faiblesse du président après son AVC pour s’enrichir éhontément.

Sylvia Bongo Ondimba, née Valentin, est ainsi accusée de plusieurs délits : détournement de fonds publics, blanchiment des capitaux, faux et usage de faux, recel. Leur fils Noureddin doit quant à lui répondre d’actes criminels passibles de la prison à perpétuité : haute trahison, détournements massifs des deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président de la République, corruption active et trafic de stupéfiants.

Au lendemain du coup d’Etat, des images de malles remplies de billets trouvées, disent les autorités, aux domiciles de Sylvia et de proches de Noureddin avaient été largement diffusées sur les médias gabonais. Elles symbolisaient une opulence choquante obtenue par captation des richesses nationales dans un pays où plus d’un tiers des habitants vivent en dessous du seuil national de pauvreté, fixé à 5,50 dollars par jour. Les défenseurs de la famille Bongo dénoncent toujours une mise en scène.

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