
Les yeux fixés sur la deadline : vendredi 17 février, minuit. Quelques heures avant la fin des débats sur la réforme des retraites, à l’Assemblée nationale, ils étaient nombreux, dans les coulisses du pouvoir, à confier leur impatience que « ça se termine enfin ». C’est fait. Les débats se sont achevés comme prévu, à l’issue d’une dernière soirée houleuse dans l’Hémicycle, sans que le texte ait pu être voté, compte tenu du temps contraint imposé par le gouvernement (plus de 70 heures contre plus de 200 lors de la réforme Woerth-Sarkozy en 2010) et de l’obstruction méthodique menée par La France insoumise.
Le texte – qui arrive début mars au Sénat – n’est pas encore adopté, et les syndicats ont appelé à une nouvelle journée d’action, le 7 mars. Néanmoins, une première étape a été franchie, se félicite-t-on au sein de l’exécutif, et l’on a hâte de « passer à autre chose ». De nombreuses voix pressent désormais Emmanuel Macron de trouver les moyens de recoudre un tissu social déchiré, pour continuer à réformer. « Le sujet, comme pour toute réforme des retraites, c’est l’après : comment apaiser l’atmosphère ?, s’interroge le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau. Il faut que tout le monde puisse faire baisser la pression. »
Sur les moyens d’y arriver, chacun apporte sa pierre. Le patron de Renaissance, Stéphane Séjourné, met en garde contre la tentation de faire du plein-emploi – l’une des priorités de l’Elysée – une fin en soi et insiste sur le sens à donner au travail, après une réforme des retraites vécue douloureusement par les Français. Attentif aux signaux faibles, François Bayrou s’inquiète, quant à lui, d’une « société de déshumanisation », où « personne n’est reconnu pour ce qu’il est ». « Nous vivons une crise de l’organisation dans un pays où la plupart des services publics donnent l’impression de ne pas marcher, dit-il. Il nous revient de trouver un chemin concret pour sortir de ces impasses. »
« Preuves d’amour »
D’autres stratèges macronistes insistent sur l’urgence de répondre à ce « sentiment de dépossession qui hante les Français » et plaident pour revaloriser la « souveraineté populaire ». Bref, autant de « preuves d’amour », selon les mots d’Olivier Véran, qu’il s’agirait d’apporter. « Par-delà la réforme, nous voulons éviter le ressentiment des Français qui s’y seront opposés, raccrocher ceux qui auront douté et conforter notre électorat réformiste », résume le porte-parole du gouvernement, qui consulte à tout va pour alimenter la réflexion sur « l’après ».
Il vous reste 48.57% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.