Quatre employés maliens de la compagnie canadienne Barrick Gold, propriétaire avec l’Etat du Mali de l’un des plus importants complexes aurifères au monde, ont été inculpés et placés en détention en attendant leur procès, a indiqué l’entreprise mardi 26 novembre dans un communiqué.
Barrick Gold a dit contester les charges, sans les préciser. Depuis plusieurs mois, les investisseurs étrangers dans les secteurs aurifères et miniers sont soumis aux pressions de la junte au pouvoir. Barrick Gold détient 80 % et l’Etat malien 20 % des deux sociétés propriétaires du complexe aurifère souterrain et à ciel ouvert de Loulo-Gounkoto, l’un des plus importants au monde, dans l’ouest du Mali.
Quatre employés de Barrick Gold avaient déjà été arrêtés en septembre pour des raisons non divulguées. Ils avaient été relâchés après plusieurs jours et Barrick Gold avait alors indiqué qu’une « solution globale » avait été trouvée aux litiges avec l’Etat malien.
Mais les ministères des mines et de l’économie ont ensuite accusé Barrick Gold d’avoir manqué à ses engagements et ont dit avoir décidé d’en « tirer toutes les conséquences ». Ils évoquaient des « risques sérieux » pour l’avenir du groupe au Mali.
L’un des premiers producteurs d’or en Afrique
Les militaires, qui ont pris le pouvoir par la force en 2020, ont fait officiellement de la lutte contre la corruption et de la restauration de la souveraineté nationale sur les ressources naturelles leurs mantras. Ils accordent une attention toute particulière aux revenus juteux de l’industrie minière.
Le Mali, l’un des pays les plus pauvres au monde, par ailleurs confronté au djihadisme et à une crise multidimensionnelle, est aussi l’un des premiers producteurs d’or en Afrique. Ce métal noble contribue à un quart du budget national et trois quarts des recettes d’exportation.
La pression exercée sur les compagnies étrangères a coïncidé avec le pivot stratégique opéré par la junte en direction de la Russie. En novembre, le directeur général et deux employés, également britanniques, de la société australienne aurifère Resolute Mining ont été arrêtés après être venus à Bamako pour ce qu’ils pensaient être des négociations avec les autorités. Ils avaient été libérés au bout de plusieurs jours contre l’engagement de leur employeur à verser 160 millions de dollars à l’Etat malien.
En ce qui concerne Barrick Gold, « depuis le 30 septembre, la société [s’emploie] activement à finaliser un protocole d’accord qui guiderait à l’avenir le partenariat entre Barrick et le gouvernement, notamment en ce qui concerne la part des bénéfices économiques générés par le complexe et revenant à l’Etat », précise la compagnie.
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« Nos tentatives pour trouver une solution mutuellement acceptable n’ont pas abouti jusqu’à présent, mais nous restons déterminés à échanger avec le gouvernement afin de répondre à toutes les réclamations formulées contre la société et ses employés, et d’obtenir la libération rapide de nos collègues injustement emprisonnés », souligne-t-elle.