Au Cameroun, le football agité par les tensions entre Samuel Eto’o et le sélectionneur belge Marc Brys

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Revenu le 22 août à Yaoundé, la capitale du Cameroun, pour préparer les matchs face à la Namibie et le Zimbabwe, qualificatifs pour la Coupe d’Afrique des nations 2025, Marc Brys, le sélectionneur belge des Lions indomptables n’a pas encore croisé Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot), actuellement en France.

La prochaine rencontre entre les deux hommes sera cependant suivie de près. La première, le 28 mai au siège de la Fécafoot, n’avait duré que quelques minutes, le temps d’une brève altercation verbale et d’un départ prématuré du technicien flamand, excédé par les mises en cause de l’ancien joueur.

Depuis, la relation semblait s’être apaisée jusqu’à ce que M. Brys accorde une interview le 17 août au quotidien belge La Dernière Heure dans laquelle il reproche, dans des termes tranchés, à Samuel Eto’o sa gestion de l’instance. « Il a réussi sa carrière de footballeur, mais il a échoué en tant qu’entraîneur, d’entrepreneur et visiblement de dirigeant quand je vois sa façon de faire à la Fécafoot », souligne-t-il.

L’ancien entraîneur de Saint-Trond et de Louvain accuse également la fédération de « déstabiliser le staff technique » et d’adopter « une attitude hostile ». Quant à son prédécesseur, Rigobert Song, celui-ci se voit qualifié de « girouette qui ne disait rien. Eto’o entrait dans le vestiaire avant le match, à la mi-temps, changeait l’équipe et les joueurs étaient tyrannisés ».

Plusieurs points de crispation

« Personne n’était au courant qu’il allait s’exprimer dans un grand quotidien belge. Pas même Narcisse Mouelle Kombi, le ministre des sports, qui estime que le timing n’est pas idéal, mais que Marc Brys est libre de parler et ce qu’il dit correspond à la réalité », explique une source proche du staff technique sous couvert d’anonymat.

Toutefois, dans un Cameroun où Samuel Eto’o fait figure d’icône nationale, contesté cependant par son attitude clivante, l’interview du sélectionneur ne pouvait pas passer inaperçue. Et si l’ancien attaquant n’a pas réagi, certains de ses partisans ne se sont pas privés de le faire. Roger Milla a ainsi jugé les propos du sélectionneur belge « inacceptables ».

Au Cameroun, des voix réclament désormais le départ de M. Brys, même si l’hypothèse ne semble pas d’actualité puisque le sélectionneur est sous contrat avec l’Etat et bénéficie du soutien du ministre Narcisse Mouelle Kombi. Le Flamand n’a pas non plus l’intention de démissionner, comme semble le prouver son refus adressé en juin au Nigeria qui lui proposait un salaire largement supérieur à celui qu’il perçoit actuellement, soit quelque 40 000 euros.

Mais l’interview de Marc Brys à La Dernière Heure n’est pas l’unique point de crispation entre le sélectionneur et le patron de la Fécafoot. Le choix du stade appelé à accueillir la Namibie le 7 septembre a tourné au vaudeville. Marc Brys, en accord avec le ministère des sports, souhaitait que ce match de dispute au stade Ahmadou-Ahidjo à Yaoundé, alors que la Fécafoot militait pour le stade Japoma à Douala.

Le match Cameroun-Namibie à Yaoundé

L’Office national des infrastructures et des équipements sportifs (Onies), que préside l’ancien gardien de but international Joseph-Antoine Bell, a rapidement répondu à l’instance que cette seconde option n’était pas envisageable. « Il pleut beaucoup à Douala et il va continuer à pleuvoir. Autrement dit, jouer un match dans ces conditions pourrait non seulement dégrader la pelouse, mais surtout mettre en danger la santé des joueurs des deux équipes », explique au Monde Afrique M. Bell.

La Fécafoot a alors proposé le stade Roumdé-Adjia à Garoua, ajoutant avoir reçu pour cela l’accord de la Confédération africaine de football. Mais pour Joseph-Antoine Bell, cette seconde hypothèse n’était également pas envisageable. « La CAF a accepté dans la mesure où le stade est homologué pour que s’y déroulent des matchs internationaux. Mais la Fécafoot devrait savoir que préparer un stade avant un match de ce type prend du temps : il faut s’occuper de la pelouse, faire des vérifications au niveau de l’électricité par exemple. Or, cela fait plusieurs semaines que les services de l’Onies préparent le stade Ahmadou-Ahidjo et que cela coûte de l’argent public. On ne peut pas préparer un stade – celui de Garoua – en si peu de temps. Et il faudrait que l’on m’explique pourquoi la Fécafoot tient absolument à jouer ailleurs qu’à Yaoundé, alors que le sélectionneur préfère que le match se tienne dans la capitale et que l’Onies prépare le site. » Le Monde Afrique a contacté Blaise Djounang, le secrétaire général de la Fécafoot sur ce dossier, sans obtenir de réponse.

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Le verdict est tombé mardi 27 août en milieu de journée. L’Onies a informé la fédération que le match Cameroun-Namibie se disputera finalement à Yaoundé, sur les hautes directives de la présidence de la République. Le prochain épisode est attendu. Le Cameroun recevra le Kenya en octobre, à l’occasion de la 3journée des qualifications pour la CAN 2025.

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