
Elisabeth Borne a appelé à « combattre de toutes nos forces l’antisémitisme » lundi 13 février lors du dîner annuel du Crif, où elle a évoqué son histoire familiale et notamment la déportation de son père à Auschwitz.
« Il y a des dates, qui marquent un destin. Pour mon père, mais en réalité pour toute ma famille, c’est le 25 décembre 1943 », a déclaré la première ministre dont le père, de confession juive, a été déporté à Auschwitz. Survivant, il a mis fin à ses jours en 1972, quand sa fille avait onze ans.
« Ce jour-là, avec mon grand-père et mes oncles, il a été arrêté par la Gestapo. Puis ce furent les wagons plombés, les ordres, les coups, les humiliations. Drancy, Auschwitz. Ils étaient 1250 au départ. Six sont revenus », a raconté Mme Borne, qui était l’invitée d’honneur de ce traditionnel rendez-vous du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
Parmi les survivants, « certains ont réussi à garder le goût de l’espérance et la foi dans la vie. D’autres non. Je ne le sais que trop bien », a-t-elle poursuivi.
Elle a aussi raconté que « dans les mois qui ont suivi son retour des camps, [son] père avait commencé à parler, jusqu’à ce qu’on lui dise qu’il valait mieux se taire ».
« Certains ont voulu poser une chape de silence sur le passé », a-t-elle confié, ajoutant que ce qui s’était « passé là-bas », son père le lui avait « écrit dans deux lettres ».
Devant près d’un millier d’invités (politiques, ambassadeurs, religieux, syndicalistes, artistes, etc.) réunis au Carrousel du Louvre à Paris, la cheffe du gouvernement a appelé à « combattre, de toutes nos forces, l’antisémitisme, partout où il se montre, partout où il frappe, partout où il se cache ».
Léger recul du nombre de faits antisémites en 2022
Mme Borne a rappelé son souhait « que chaque élève de France » effectue « au moins une visite d’un lieu de mémoire au cours de sa scolarité », une des mesures du plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations liées qu’elle a présenté il y a trois semaines.
Elle a par ailleurs indiqué qu’« au cours de l’année 2022, le nombre de faits antisémites a reculé de plus d’un quart par rapport à 2021 ». Une allusion au décompte publié récemment par le Crif, à partir de données du Service de protection de la communauté juive (SPCJ).
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« Ce sont des progrès », a-t-elle souligné, tout en appelant à « continuer à agir ». La première ministre a enfin rappelé les mesures aidant les victimes à déposer plainte, et plaidé pour la mise en place d’un « dispositif unique, capable d’assurer à la fois le retrait des contenus [haineux en ligne, N.D.L.R.] illicites puis leur traitement judiciaire ».
De son côté, le président du Crif, Yonathan Arfi a rappelé le rôle de l’éducation dans la lutte « contre la haine ». « L’antisémitisme prend aussi de nouveaux visages », a-t-il dit, citant notamment « l’islamisme », les « discours complotistes », la « haine d’Israël ». Pour lui, la société a, non pas « une obligation de moyens mais bien une obligation de résultats ».