Au Kenya, le chef d’une secte jugé pour « homicides involontaires » après un massacre dans une forêt

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Le chef d’une secte évangélique apocalyptique au Kenya est jugé à partir de lundi 12 août pour « homicides involontaires », après la mort d’au moins 448 adeptes dans ce qui a été baptisé « le massacre de Shakahola », une affaire qui a choqué le Kenya et la planète.

Le pasteur autoproclamé Paul Nthenge Mackenzie et des dizaines d’autres personnes inculpées avaient plaidé en janvier « non coupable ». Paul Nthenge Mackenzie a comparu devant le tribunal de la ville portuaire de Mombasa, sur l’océan Indien, avec plus de 90 autres suspects, dont sa femme. Le procès doit durer jusqu’à jeudi.

M. Mackenzie, arrêté en avril 2023, est accusé d’avoir incité ses adeptes à jeûner jusqu’à la mort pour « rencontrer Jésus » avant la fin du monde prévue pour 2023. Les décès se sont étalés sur plusieurs années. « L’accusation est certaine qu’à la fin de sa présentation, cette honorable cour aura une vision claire de l’existence du pacte de suicide », a déclaré en ouverture du procès Pter K. Kiprop, directeur adjoint des poursuites publiques.

Témoignages à huis clos

« Il n’y a jamais eu de cas d’homicides involontaires comme celui-ci au Kenya », a déclaré à l’AFP le procureur en charge de l’affaire, Alexander Jami Yamina, en précisant avoir réuni plus de 420 témoins. « En raison de la gravité de l’affaire, nous nous sommes bien préparés. » Certains témoins vont témoigner à huis clos.

Paul Nthenge Mackenzie et plus de 90 autres personnes sont également poursuivis pour « terrorisme », « meurtre » « , enlèvement », « torture d’enfants » et « cruauté » dans des dossiers séparés.

Dans cette affaire, les restes de 448 personnes ont été exhumés dans un lieu isolé non loin de la ville côtière de Malindi (sud-est). Les autopsies des victimes ont établi que si la plupart sont mortes de faim, certaines, dont des enfants, ont été étranglées, battues ou étouffées. Selon des documents judiciaires, les organes de certains corps ont été prélevés.

Le 14 avril 2023, informée par un proche d’une victime, la police était entrée dans la forêt de Shakahola, une vaste zone de « bush » de la côte kényane, où elle avait découvert quatre corps et plusieurs personnes quasi mortes de faim. Des fosses communes ont ensuite été mises au jour.

Le gourou avait créé son « église internationale de Bonne Nouvelle » en 2003, mais l’avait fermée en 2019 et avait déménagé dans la ville de Shakahola pour y préparer ce qu’il annonçait comme la fin du monde, prévue pour août 2023.

Prêches extrêmes

En mars, les autorités ont commencé à rendre les corps de certaines victimes aux familles éplorées, après des mois d’un travail minutieux et extrêmement lent, faute de moyens, pour les identifier au moyen d’analyses d’ADN. Jusqu’à présent, seulement 34 corps ont pu être rendus.

Un rapport d’une commission sénatoriale a mis en exergue les « défaillances » de la police et de la justice locales qui n’ont pas empêché les agissements du pasteur, pourtant arrêté à plusieurs reprises pour ses prêches extrêmes.

L’affaire a poussé le président William Ruto à promettre de se pencher sur les nombreux mouvements religieux de ce pays majoritairement chrétien d’Afrique de l’Est. Elle a aussi mis en lumière l’échec des tentatives de réguler les églises et les sectes qui flirtent avec la criminalité.

Le Monde avec AFP

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