au Malawi, piégé par le changement climatique, « à peine nous relevons-nous d’une catastrophe qu’une autre est déjà en train de frapper »

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Une cicatrice indélébile. L’océan de boue et de rochers éventre toujours le village de Ndala. Dix-huit mois après le passage du cyclone Freddy, la bourgade du sud du Malawi en porte encore les stigmates. La tempête tropicale, d’une violence inouïe – le plus long cyclone observé dans l’hémisphère Sud –, a fait plus de 1 000 victimes ou disparus au Malawi, en mars 2023. Dont 151 dans le seul district de Mulanje.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le Malawi durement frappé par le cyclone Freddy

Ici, un glissement de terrain a dévalé la montagne, à la nuit tombée, résultat de l’accumulation de quatre jours de pluies diluviennes. Les flots de la rivière Nanchidwa, chargés de pierres, ont alors balayé des dizaines de maisons, leurs habitants et le bétail. La balafre est encore clairement visible ; une brèche d’une quarantaine de mètres de large fend le village en deux. Autour de cet amas de roches, la vie fait du surplace.

« Je marche tous les jours devant et, à chaque fois, je revois les corps sans vie », murmure Edina Namandwa, les yeux embués. Cette mère de famille de 38 ans a perdu deux de ses trois enfants dans l’éboulement mortel. Ses champs de pois et de maïs sont engloutis sous plusieurs mètres de boue et son mari, pris au piège par le glissement de terrain, a été grièvement blessé à la jambe. « Il est handicapé et ne peut plus travailler », déplore-t-elle, assise au milieu des quatre joints de béton mangés par les herbes qui faisaient autrefois office de fondation des murs de sa maison : « Depuis, nous ne tenons que grâce aux dons. »

Fardeau trop lourd pour le gouvernement

Ce 2 novembre, comme une fois par mois, le gouvernement régional procède à une distribution ; 50 kilogrammes de maïs par foyer. C’est l’unique ligne de vie pour cette communauté brisée de paysans et d’éleveurs. A Ndala, l’heure n’est pas encore à la reconstruction – environ 150 familles demeurent sans domicile. Et pour cause. Non seulement les boues ont enseveli les terres arables en contrebas, mais le Malawi subit cette année une sécheresse record, causée par le phénomène El Niño.

Près de la moitié – 44 % – des récoltes de maïs de ce pays profondément rural ont été détruites, sevrées de pluies et grillées par la chaleur. L’état de catastrophe naturelle y a été déclaré, tout comme dans d’autres pays voisins d’Afrique australe – la sécheresse a plongé 27 millions de personnes dans une situation d’insécurité alimentaire dans la région. La Namibie ou le Zimbabwe ont dû se résoudre à abattre des éléphants pour nourrir leur population.

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