Au Mali, un proche de l’imam Dicko incarcéré pour « opposition à l’autorité légitime »

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Au Mali, un proche d’un célèbre imam a été incarcéré, lundi 15 juillet à Bamako, pour « opposition à l’autorité légitime », a appris l’AFP d’une source judiciaire. Youssouf Daba Diawara était le coordinateur général de la Coordination des mouvements, associations de sympathisants (CMAS) de l’influent imam Mahmoud Dicko, dissoute en avril par les colonels au pouvoir depuis 2020. Il avait été interpellé vendredi par des hommes en véhicule 4×4 qui se sont présentés comme des gendarmes, avait dit à l’AFP un de ses proches.

Il lui est reproché d’avoir organisé une activité politique en juin, alors qu’une suspension frappait depuis avril ce type de manifestation – avant sa levée le 10 juillet –, a indiqué à l’AFP une source judiciaire du tribunal de grande instance de la commune 5 de Bamako. M. Diawara a été placé sous mandat de dépôt lundi par un juge de ce tribunal pour « opposition à l’autorité légitime », a indiqué à l’AFP la même source.

M. Diawara est un proche de l’imam Dicko, figure tutélaire d’un mouvement de contestation qui a précédé la chute du président civil Ibrahim Boubacar Keïta, renversé par un coup d’Etat militaire en 2020. Ce chef religieux est l’un des rares à oser exprimer ouvertement ses désaccords avec la junte au pouvoir. Il est également l’un des rares à sembler pouvoir mobiliser, dans un contexte de restriction des libertés sous le régime militaire. M. Dicko avait été reçu fin décembre en Algérie par le président Abdelmadjid Tebboune, provoquant une passe d’armes diplomatique entre les deux pays. Il n’est pas retourné au Mali depuis.

La Synergie d’action pour le Mali, composée de 30 partis et mouvements d’opposition (dont la CMAS), a dénoncé samedi dans un communiqué « une arrestation arbitraire », dernière en date d’une longue série sous le régime militaire au Mali. Des responsables politiques signataires d’une déclaration publiée le 31 mars par leur coalition, appelant la junte à rendre le pouvoir aux civils, ont annoncé lundi suspendre toute participation au cadre de concertation politique mis en place par les autorités tant que leurs membres ne seront pas libérés. Les autorités ont écroué depuis fin juin onze présidents de partis et opposants signataires de cette déclaration, accusés de « complot ».

Les militaires s’étaient engagés en 2022 à quitter le pouvoir en mars 2024 après des élections, à l’issue de deux années d’une période dite de « transition ». Ils ont manqué à cet engagement, pris à l’époque sous la pression des Etats ouest-africains et de sanctions rigoureuses. Depuis 2022, ils ont multiplié les actes de rupture. Ils ont rompu l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie. Le Mali, confronté au djihadisme, est plongé depuis 2012 dans une grave crise aux multiples dimensions.

Le Monde avec AFP

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