Au Maroc, bain de fraîcheur dans l’oasis de Tiout

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Symbole de l’adaptation d’« Homo sapiens » aux variations climatiques dans les régions les plus arides de la planète, les oasis sont à leur tour menacées par le changement climatique. Leurs sources d’eau se réduisent, leur végétation se dessèche et menace de disparaître, les populations qui les fréquentent n’ont d’autre choix que d’aller voir ailleurs.

Il y a donc un plaisir à la fois jouissif et inquiet à venir chercher la fraîcheur à l’ombre des palmiers dattiers lors de ces traditionnels pique-niques dominicaux marocains auxquels a participé M’hammed Kilito à une trentaine de kilomètres de Taroudant, dans l’oasis de Tiout.

Venu tardivement à la discipline après des études d’ingénieur et de sciences politiques au Canada, le photographe de Rabat, 43 ans, travaille dans les oasis depuis 2021, en partenariat avec le magazine National Geographic. Son objectif : documenter les changements à l’œuvre sous l’effet de la hausse des températures, un projet ambitieux qui l’a mené en Arabie saoudite et en Egypte, avant de poursuivre vers la Tunisie, Oman et la Mauritanie.

A Tiout, les gens arrivent le dimanche matin de tous les villages alentour. Ils viennent en voiture ou bien au moyen de motos et de triporteurs loués à la journée, stationnent sur la crête et descendent ensuite dans le creux de l’oasis, accompagnés de plusieurs ânes portant les braseros en terre cuite, le petit bois, les plats à tajine, les théières et les victuailles, la viande à griller sur le feu, ce qu’il faut pour préparer le pain traditionnel tafarnout, les légumes appelés à mijoter, des gâteaux à grignoter l’après-midi.

On étale des nattes sur le sol et, dans cet univers que le photographe qualifie de « conservateur », on tend des rideaux pour que les femmes voilées de chaque famille échappent au regard des voisins.

Siestes, parties de cartes et plongeons joyeux

Dominée par les vestiges d’une ­casbah, la source de Tiout alimente deux grands bassins rectangulaires mitoyens. Un premier, peu profond, où beaucoup barbotent. Un second, plus propice à la baignade, que les adolescents s’approprient bruyamment pour de longues heures de plongeons joyeux.

Pendant que le repas se prépare, les uns et les autres déambulent en longeant les canaux d’irrigation ou en empruntant les sentiers qui serpentent entre oliviers, figuiers, amandiers et parcelles de blé. Une fois les estomacs bien remplis sonne l’heure de la sieste et des parties de cartes. Ces journées alanguies sont comme suspendues.

Frappé par le désastre climatique en cours, M’hammed Kilito scrute les marques de la sécheresse structurelle qui sévit au Maroc depuis maintenant six ans, aggravée par le développement d’une agriculture inadaptée. « Produire de la banane ou de l’avocat contribue à accélérer la disparition des oasis », déplore-t-il.

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