Au Mozambique, onze morts dans des manifestations de l’opposition

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Onze personnes ont été tuées dans des manifestations de l’opposition au Mozambique depuis la proclamation, jeudi 24 octobre, des résultats du scrutin présidentiel du 9 octobre attribuant une large victoire au parti Frelimo, au pouvoir, a affirmé dimanche une ONG mozambicaine.

« Le nombre de morts, en raison de l’action de la police, est passé à onze », affirme le Centre pour la démocratie et les droits humains (CDD), soulignant que la province de Nampula (nord) a été particulièrement touchée par ces violences, avec six morts sur ce total. Aucune confirmation de ce bilan par la police n’avait été publiée dimanche. Vendredi, un porte-parole de la police nationale avait fait état devant la presse de vingt blessés mais d’aucun décès. Interrogée par l’Agence France-Presse (AFP), la police locale a confirmé déplorer un mort à Nampula (nord) et un autre décès dans la province de Niassa (nord), sans autre détail.

Plus de 450 personnes ont été interpellées en marge de ces manifestations qui ont essaimé un peu partout dans le pays dans un contexte de contestation des résultats, notamment par l’opposant Venancio Mondlane, qui a revendiqué la victoire à l’issue du scrutin, affirme encore le CDD. Maputo, la capitale, a compté le plus grand nombre d’interpellés, avec 370 arrestations « y compris de mineurs et de personnes vulnérables, dont certaines n’ont aucun lien avec les manifestations », poursuit l’ONG.

De concert avec l’ordre des avocats, « grâce à des efforts continus de documentation et d’intervention juridique », l’ONG assure que quelque 85 personnes « injustement emprisonnées » ont depuis été relâchées. Des dizaines de personnes ont par ailleurs été blessées, « donc certaines reçoivent des soins à domicile par crainte d’être arrêtées par la police », ajoute l’ONG mozambicaine.

Une élection « volée »

Jeudi, dès l’annonce des résultats, attribuant près de 71 % des voix à la présidentielle à Daniel Chapo, candidat du Frelimo, contre 20 % des suffrages pour l’opposant Venancio Mondlane, des milliers de personnes, surtout des jeunes, sont descendues dans la rue de plusieurs villes du pays pour dénoncer des fraudes et une élection « volée ». Vendredi, une panne générale d’Internet était observée chez les différents opérateurs mobiles, réparée dès samedi.

Le parti Podemos, devenu le premier parti d’opposition au Mozambique à l’issue des élections du 9 octobre, a déposé un recours devant la plus haute cour du pays, demandant un nouveau comptage des voix, a-t-on appris lundi. « Il s’agit d’obtenir un véritable jugement sur qui a gagné les élections », affirme ce texte d’une centaine de pages, déposé dimanche auprès du Conseil constitutionnel et dont l’AFP a obtenu copie.

Le parti auquel est adossé le nouveau leader de l’opposition, Venancio Mondlane, demande que le comptage soit recommencé, en raison d’une multitude d’irrégularités constatées. Dimanche, Podemos a transmis aussi quelque 300 kg de documents dans une multitude de boîtes à la commission électorale (CNE), démontrant leur victoire, a déclaré à la presse Dinis Tivane, membre du parti. Selon leur propre décompte, Venancio Mondlane aurait remporté la présidentielle avec 53,30 % des voix et Podemos obtiendrait 138 députés sur 250.

Jeudi, la CNE avait annoncé une franche victoire pour le parti Frelimo au pouvoir, avec près de 71 % des voix pour son candidat à la présidence, Daniel Chapo, et 195 sièges de députés. Le recours de l’opposition demande aux bureaux électoraux de chaque district de fournir le matériel utilisé pour obtenir les scores qu’ils ont ensuite transmis à la CNE.

Le requérant « demande au Conseil constitutionnel de répéter le comptage général », affirme ce texte, « sur la base des procès-verbaux et des avis relatifs au comptage des districts et des villes, ainsi que sur les données de centralisation reçues ». Il demande aussi à la cour de « déterminer le nombre exact de votants aux trois élections » – présidentielle, législatives et des conseils provinciaux – « dans l’ensemble du pays ».

Observateurs et opposition ont rapporté de nombreux cas de bureaux où, curieusement, les électeurs se sont prononcés massivement pour la présidentielle sans voter pour le Parlement. Ils soupçonnent du bourrage d’urnes. Le recours rappelle que le président de la CNE lui-même a regretté publiquement, lors de l’annonce officielle des résultats jeudi, des disparités qui, selon l’opposition, pourraient « influencer substantiellement le résultat global ». Le texte demande ainsi l’annulation du scrutin « dans les districts où le nombre d’électeurs ne coïncide pas entre les deux ou trois élections, car ce nombre doit toujours coïncider ».

Le Monde avec AFP

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