Au procès des Barjols, neuf des treize prévenus relaxés

Il ne reste plus grand-chose du dossier des Barjols, ce groupuscule d’ultradroite qui concoctait, avec une sérieuse alcoolémie, des projets fumeux d’assassinat du président de la République, d’agressions d’élus ou d’attaques de mosquées. Neuf des treize prévenus ont été relaxés, vendredi 17 février, après trois longues semaines d’audience.

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Seuls trois autres ont été condamnés à des peines de prison pour « association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes terroristes », des peines qu’ils ont déjà purgées en détention provisoire. Aucun ne devrait retourner en détention. Un dernier prévenu a enfin été condamné à six mois avec sursis pour détention d’armes.

Le parquet national antiterroriste avait bien conscience que le dossier était mince et l’affaire n’avait pas été renvoyée, comme c’est l’usage, devant les assises, mais devant la 16ᵉ chambre correctionnelle, qui a systématiquement tranché au-dessous des peines requises par la procureure − des peines déjà fort modérées, alors que chaque prévenu risquait dix ans de détention.

L’association de malfaiteurs terroriste, née en 1986, est en effet une infraction très élastique, qui permet d’arrêter et de juger préventivement les terroristes potentiels, avant bien sûr qu’ils ne passent à l’acte et, partant, avant qu’ils aient fait grand-chose. Les limites sont nécessairement floues, et le tribunal vendredi en a retenu une définition stricte et très cadrée, quitte à vider le dossier d’une partie de son contenu.

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La procureure antiterroriste avait reconnu, le 2 février, que les actions projetées par les Barjols n’étaient « pas très élaborées ni très abouties ». Pour autant, « oserait-on dire, si c’était un dossier islamique, que les éléments ne sont pas suffisants pour caractériser le terrorisme ? Ne fallait-il pas les interpeller ? », avait demandé la magistrate.

Des vies particulièrement cabossées

La 16ᵉ chambre, spécialisée dans le terrorisme, a tranché : pour neuf des prévenus, les « actes préparatoires » terroristes « sont avérés », mais pas le début d’un passage à l’acte. Ils ont passé des années à monter des projets d’attentat assez peu discrets sur Facebook ou des messageries cryptées, consacré quelques week-ends à de molles préparations militaires et accumulé les armes, les photos de nazis ou les manuels d’explosifs.

Les Barjols parlaient beaucoup mais ne faisaient rien, et s’il n’y a pas loin de la coupe aux lèvres, ils se préoccupaient surtout de la remplir lors d’interminables barbecues

La plupart le nient, mais une moitié d’entre eux en accuse l’autre, et l’examen de leurs réseaux sociaux laisse peu de place au doute. Néanmoins, estime le tribunal, « il n’y a pas de lien de causalité » entre ces actes préparatoires et les projets d’actions violentes. En résumé, les Barjols, aux vies particulièrement cabossées, parlaient beaucoup mais ne faisaient rien, et s’il n’y a pas loin de la coupe aux lèvres, ils se préoccupaient surtout de la remplir lors d’interminables barbecues.

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