
Lorsqu’il a pris, en novembre 2022, ses fonctions de directeur général du Rassemblement national (RN), nommé par Jordan Bardella, Gilles Pennelle, ancien professeur d’histoire-géographie, a tapé fort sur le pupitre et promis un coup de balai. Afin de remettre le parti en ordre de marche, il lui semblait nécessaire que les députés ne cumulent pas leur fonction avec celle, bénévole, de délégué départemental du parti. Il est plus aisé, observe-t-on en interne, de dicter sa loi à un délégué départemental novice. Les élèves populaires ont fait mine de ne pas comprendre la consigne : Sébastien Chenu, dans le Nord, et Franck Allisio, dans les Bouches-du-Rhône, deux des plus grosses fédérations, se sont accrochés à leur bureau. Trois mois plus tard, ils sont toujours là, avec la bénédiction de Jordan Bardella.
Vingt-trois députés étaient concernés par cette règle, à laquelle le nouveau président du RN ne croyait guère. En février, la moitié d’entre eux sont encore délégués départementaux. « Ce n’est pas un problème, je n’ai pas voulu faire de généralité, dit Jordan Bardella au Monde. Mais oui, sur le principe, beaucoup de députés sont surchargés et ne pouvaient pas faire le travail de délégué départemental. La carte de visite recto verso, à un moment, ça ne tient plus. »
Les changements de délégués départementaux ne se font pas sans heurts. En janvier, Le Figaro a mis au jour les tensions dans les fédérations de Meurthe-et-Moselle, de Vendée ou de Corse, où certains militants reprochent au siège parisien une forme de mépris. « C’est la vie d’un mouvement politique, vous trouverez toujours matière à faire des articles de ce type, balaie Jordan Bardella. Mais nous sommes au plus proche des problèmes. Il y a des visioconférences avec les cadres départementaux tous les quinze jours. »
Vidéos islamophobes
Certains profils laissent entrevoir la difficulté du parti à renouveler ses cadres locaux. Dans les Hautes-Alpes, c’est un homme de 75 ans, Armel Brisson de la Messardière, qui est chargé de redynamiser la fédération. Ephémère tête de liste dans le 1er secteur de Marseille, aux municipales de 2014, il avait été exfiltré après que le journal Marianne avait repéré des publications racistes sur son compte Facebook. Le revoilà neuf ans plus tard, avec des réseaux sociaux présentables.
Davantage que celui du nouveau délégué départemental de l’Isère, Olivier Guyot, qui relaie des vidéos islamophobes ou, jusqu’à l’été 2021, des messages hostiles à Marine Le Pen ou pro-Zemmour. Dans cette grosse fédération, le sortant, le député Alexis Jolly, avait pourtant recommandé un autre profil.
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