
Ils sont l’un des groupes d’insectes les mieux connus du monde. Les papillons du Royaume-Uni sont, à ce titre, un indicateur extrêmement précieux de l’état de santé des invertébrés, et plus largement de la biodiversité. Or la cinquième édition du rapport de l’ONG britannique Butterfly Conservation, publiée début février, dresse un constat alarmant : en moins de cinquante ans, ils ont disparu de près de la moitié des lieux où ils étaient présents. Entre 1976 et 2019, les papillons du Royaume-Uni ont en effet perdu, en moyenne, 42 % de leur aire de répartition et diminué de 6 % en abondance.
« Ces chiffres ne sont pas une surprise, nous savons depuis longtemps que les papillons déclinent significativement, réagit Richard Fox, membre de Butterfly Conservation et principal auteur de l’étude. Mais j’espère malgré tout que ce rapport provoquera un choc, notamment chez les responsables politiques, qui ont les moyens d’agir face à ces pertes. »
Pionniers des programmes de sciences participatives, les Britanniques observent mais surtout documentent depuis des décennies l’état de leur nature. Depuis 1976, par exemple, des volontaires parcourent chaque semaine, d’avril à septembre, un même trajet au cours duquel ils comptent le nombre de papillons, sur environ 3 000 sites. En parallèle, un autre programme permet aux citoyens de signaler les espèces observées toute l’année et à n’importe quel endroit du Royaume-Uni. A partir de cette immense masse d’informations – 23 millions de données ont été utilisées pour le dernier rapport –, les scientifiques peuvent déterminer des tendances à la fois en matière d’abondance et de distribution.
L’édition 2022, qui porte sur 58 espèces, montre qu’il y a deux fois plus de perdants que de gagnants parmi les papillons : 61 % des espèces ont décliné, soit en répartition, soit en abondance (ou les deux), alors que seulement 32 % ont vu l’une de ces deux courbes augmenter.
« Tous les chiffres sont négatifs »
Les plus touchés, de loin, sont les papillons « spécialistes », c’est-à-dire ceux ayant des besoins écologiques spécifiques et dépendant d’un habitat en particulier. Les espèces vivant dans des prairies fleuries, des landes et des clairières boisées ont ainsi décliné de 27 % et perdu jusqu’aux deux tiers (68 %) de leur aire de répartition. La chute a été un peu moins forte pour les « généralistes », qui peuvent se reproduire dans les milieux agricoles et urbains, même s’ils ont quand même diminué de 17 % et perdu 8 % de leur aire de répartition.
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