Des militants prodémocratie au Soudan ont fait état, vendredi 7 juin, d’environ 40 morts dans de « violents tirs d’artillerie » menés la veille par des paramilitaires sur des quartiers d’Omdourman, la ville jumelle de Khartoum.
« Jusqu’à maintenant, le nombre de morts est estimé à 40 citoyens et il y a plus de 50 blessés, certains grièvement », souligne, dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, le « comité de résistance de Karari », imputant les frappes aux Forces de soutien rapide (FSR). « Il n’y a pas encore de décompte précis du nombre de victimes à Omdourman, ajoute-t-il. La plupart des morts sont arrivés à l’hôpital universitaire Al-Nao, les autres dans des hôpitaux privés, ou alors ils ont été enterrés par leurs familles. »
Jeudi, le « comité de résistance de Madani », un autre groupe faisant partie du réseau d’entraide ayant fleuri partout au Soudan après l’éclatement de la guerre entre l’armée et les FSR, en avril 2023, a quant à lui fait état d’une centaine de morts dans une attaque menée par les paramilitaires contre un village du centre du pays. Selon ce groupe, les FSR ont attaqué mercredi le village de Wad Al-Noura « à deux reprises » avec de l’artillerie lourde.
Rapportant « plus de 104 morts » ainsi que « des centaines de blessés », le comité a assuré avoir établi ce bilan sur la base d’une « communication préliminaire avec les habitants du village », situé dans l’Etat de Gezira. Les militants du comité ont diffusé sur les réseaux sociaux des images montrant une rangée de linceuls blancs disposés sur un terrain. Ils affirment que les paramilitaires ont « envahi le village », entraînant la fuite de nombreux habitants. Le comité a assuré que l’armée soudanaise avait été appelée à l’aide par les villageois de Wad Al-Noura mais qu’elle n’était pas intervenue.
Crimes de guerre
Accusés de pillages, mais aussi de violences sexuelles et ethniques, les FSR ont assiégé et attaqué à plusieurs reprises des villages entiers à travers le pays. Dans un communiqué publié tard mercredi, les paramilitaires ont déclaré avoir attaqué trois camps de l’armée dans la région de Wad Al-Noura et s’être heurtés à leurs rivaux « en dehors » de la zone habitée. Si l’armée n’a pas commenté ces événements, le conseil de souveraineté de transition, institution présidée par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, a pour sa part dénoncé un « massacre horrible contre des civils sans défense ».
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « condamne fermement l’attaque qui aurait été menée par les FSR contre le village de Wad Al-Noura », a indiqué jeudi son porte-parole, Stéphane Dujarric, appelant les parties au conflit à s’abstenir de toute attaque contre les civils. Antonio Guterres est « profondément inquiet face aux souffrances immenses du peuple soudanais en raison de la poursuite des hostilités », a-t-il insisté, répétant son appel à « faire taire les armes à travers le Soudan et à s’engager sur la voie d’une paix durable ».
En un peu plus d’un an, la guerre opposant l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les FSR, sous la houlette du général Mohammed Hamdan Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts, certaines estimations allant même jusqu’à 150 000, selon l’émissaire américain pour le Soudan, Tom Perriello. Les deux camps ont été accusés de crimes de guerre, notamment de viser les civils, de bombarder des zones résidentielles, de se livrer à des pillages ou de bloquer l’aide humanitaire.