Au Tchad, le ton monte à l’approche de la présidentielle du 6 mai

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Le ton monte au Tchad à une semaine du premier tour de l’élection présidentielle qui doit mettre un terme à la transition débutée au lendemain de la mort d’Idriss Déby Itno, en avril 2021. La campagne avait pourtant démarré le 14 avril sur un registre plutôt cordial : le fils du défunt, Mahamat Idriss Déby Itno, défendant le bilan de ses trois années à la tête de la transition ; ses neuf adversaires formulant des promesses de développement. La dernière ligne droite avant le vote prévu lundi 6 mai semble cependant déjouer les pronostics des analystes qui, jusque-là, prédisaient un scrutin sans enjeu ni engouement.

L’ancien opposant Succès Masra, accusé d’être un « candidat prétexte » servant à donner l’illusion d’un scrutin ouvert depuis qu’il a été nommé premier ministre le 1er janvier, mène désormais une campagne offensive. « Tous les sondages me donnent vainqueur », prétend-il, promettant à ses militants la victoire par « un tour KO ».

« Quarante-cinq jours de stage à Harvard, ça leur tourne la tête », lui a rétorqué Mahamat Déby depuis la tribune à Sarh, dans la région du Moyen-Chari. Ses soutiens promettent qu’« un uppercut » suffira à mettre un terme aux ambitions du chef de file du parti Les Transformateurs.

Appel « à la retenue »

L’« escalade verbale » inquiète l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE) qui, jeudi 25 avril, a appelé « à la retenue ». Mais celle-ci peine à se faire entendre alors que les candidats jettent désormais leurs forces dans la « bataille du Sud », la partie du pays « la plus densément peuplée et donc le plus grand réservoir de voix », précise l’anthropologue Ladiba Gondeu.

Dans cette zone traditionnellement hostile au pouvoir, ce dernier mise sur l’éparpillement des voix de l’opposition. Sur les dix candidats dont le dossier a été retenu par la Cour constitutionnelle, huit sont issus du Sud. « Le ralliement de l’opposant historique Saleh Kebzabo devrait lui permettre de récupérer quelques électeurs du Mayo-Kebbi dans le sud-est et le sud-ouest, dont les habitants sont sociologiquement hostiles aux populations des Logones dans le Sud », ajoute Ladiba Gondeu.

Jeudi, Mahamat Idriss Déby a rempli le stade de Moundou, plus grande ville du sud, placée pour l’occasion sous étroite surveillance militaire. Le général de 40 ans a gagné en assurance et peut aussi compter sur la mobilisation des centaines de « bureaux de soutien » qui ont poussé comme des champignons dans la capitale, N’Djamena, ces dernières semaines.

« Ils sont formés par des cadres de l’administration ou du privé, entraînés dans une surenchère pour exhiber leur dévouement au chef de l’Etat dans l’espoir d’obtenir en retour des marchés ou des postes à responsabilité », explique un analyste sous couvert d’anonymat. Ces « bureaux » sillonnent actuellement le pays dans de longues caravanes de véhicules rutilants, s’assurant à chaque étape de la qualité de l’accueil réservé à leur candidat, quand d’autres prétendants à la magistrature suprême tels que Brice Mbaimon Guedmbaye et Théophile Bongoro Bebzouné crient à « l’utilisation inéquitable des moyens de l’Etat (…) Comme au temps de Déby-père ».

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