Au Tchad, un parti d’opposition dénonce « l’enlèvement » de son secrétaire général

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Le secrétaire général du Parti socialiste sans frontières (PSF), Robert Gam, a été « enlevé » vendredi 20 septembre, a déclaré samedi dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP) un cadre du parti tchadien, dont le président et candidat à la présidentielle, Yaya Dillo, a été « assassiné » en février d’après la formation.

« Après la visite politique des camarades du parti Les Patriotes au siège du PSF, le secrétaire général Robert Gam est porté disparu », écrit Mahamat Alifa Yousouf, le coordinateur général du parti. « Il fait l’objet de harcèlement et d’intimidations depuis l’assassinat odieux » du président Yaya Dillo « par la junte militaire », poursuit le texte.

Face à la presse samedi en fin de journée, Fatime Adoume Youssouf, l’adjointe de M. Gam, a relaté « la présence de trois véhicules aux vitres teintées, non immatriculés » et de « quelques motos suspectes », constatée par des militants vendredi sur les lieux de la rencontre politique. « Il est clair que le secrétaire général Robert Gam a été enlevé par les agents des services de renseignement » a-t-elle ajouté.

Une junte de quinze généraux

Yaya Dillo, président du PSF, cousin du président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno et pressenti comme son plus dangereux rival politique pour le scrutin présidentiel, a été tué le 28 février par des militaires de la garde présidentielle dans l’assaut du siège de son parti deux mois avant l’élection. Il a été « assassiné » selon l’opposition, d’une « balle à bout portant dans la tête » selon le PSF.

Le pouvoir militaire a nié « toute exécution », invoquant la nécessité d’appréhender M. Dillo, suspecté d’avoir mené une « attaque » contre les services de renseignement et tenté de faire libérer un responsable de son parti arrêté. Une vingtaine de proches de Yaya Dillo ont été interpellés le jour de sa mort et sont toujours « détenus au secret » selon Amnesty International.

Le 14 septembre, M. Gam a exigé en conférence de presse leur « libération immédiate », menaçant autrement d’« organiser des contestations » sous un mois. Mi-septembre, l’Organisation mondiale contre la torture a dénoncé une multiplication des arrestations et des détentions hors procédures par les services de renseignement tchadiens.

Mahamat Idriss Déby a été proclamé par l’armée le 20 avril 2021 chef de l’Etat, à la tête d’une junte de quinze généraux, à la mort de son père Idriss Déby Itno, tué par des rebelles après trente années au pouvoir. Trois ans plus tard, le 6 mai, Mahamat Idriss Déby a été élu président dans un scrutin boycotté par une partie de l’opposition et qualifié par des ONG internationales de « ni libre », « ni crédible ». Et entaché, selon elles, par la « répression » violente – parfois dans le sang – de toute opposition depuis trois ans.

Le Monde avec AFP

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