Aux Etats-Unis, le transport aérien renoue avec le profit et les polémiques

LETTRE DE NEW YORK

L’aéroport international T. F. Green de Providence, dans le Rhode Island, le 19 avril 2022.

Joe Biden a bien eu un mot sur l’« agression de Poutine », un autre sur « le président Xi », puis est venu un passage sur les frais facturés par les compagnies aériennes. Dans son discours sur l’état de l’Union du 7 février, le président des Etats-Unis s’est transformé en défenseur des consommateurs américains. « Les frais de bagages sont déjà assez élevés, les compagnies ne peuvent pas simplement traiter votre enfant comme un bagage », s’est indigné Joe Biden avant de faire une promesse : « Nous interdirons aux compagnies aériennes de facturer jusqu’à 50 dollars aller-retour aux familles juste pour s’asseoir ensemble. Les Américains sont fatigués d’être pris pour des pigeons. »

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Si l’on veut choisir sa place dans un avion, on ne prend pas le tarif le moins cher, chacun le sait. Joe Biden veut changer cela et interdire la facturation du choix des sièges pour les familles. « Les frais de bagages sont déjà assez pénibles », estime le président.

Prendre l’avion aux Etats-Unis, c’est effectivement être amoureux du risque et de la maltraitance. Par exemple, il y a eu à Noël une vague de froid intense, qui a conduit à des milliers d’annulations de vols, en particulier chez Southwest Airlines, incapable de reprendre rapidement le trafic. Des enfants qui voyageaient non accompagnés ont par ailleurs été refusés à l’embarquement, en raison de l’arrivée retardée de vols après minuit. Ce fut ensuite une défaillance d’ordinateurs chez les contrôleurs aériens de la FAA, qui a conduit à la suspension de tous les décollages et atterrissages pendant la matinée du 11 janvier.

Joyeux bazar

S’y ajoutent des incidents, avec par exemple un cargo de FedEx qui a failli entrer en collision avec un avion de Southwest sur une piste d’Austin, au Texas, le 4 février. Une défaillance similaire avait eu lieu à l’aéroport JFK de New York en janvier. Ce joyeux bazar aérien se déroule alors que le prix des vols est devenu prohibitif : en hausse de 28,5 % sur un an, selon l’indice des prix de décembre. Selon Gallup, seulement 27 % des Américains avaient à la mi-2022 une image positive des compagnies aériennes, alors que ce taux dépassait 50 % à la fin des années 2010…

Pour justifier la hausse de leurs tarifs, les compagnies mettent en avant celle du prix du kérosène, mais cette inflation est surtout due à la loi de l’offre et de la demande : la volonté de voyager a repris en flèche, retrouvant ses niveaux prépandémiques. Les compagnies remplissent leurs avions et gagnent de nouveau de l’argent, à l’instar de Delta qui a réalisé en 2022 un profit de 1,3 milliard de dollars pour un chiffre d’affaires de 50 milliards de dollars. L’entreprise, qui avait enregistré une perte de 12 milliards de dollars en 2020, reste toutefois loin des 4,7 milliards de bénéfices de 2019.

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