Bilan du Monde | Réchauffement : pourquoi la sobriété est un levier pour accélérer la lutte contre le dérèglement climatique

Quel rôle les individus peuvent-ils jouer pour limiter le réchauffement de la planète ? Pour la première fois, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) consacre un chapitre, dans le troisième volet de son sixième rapport d’évaluation, publié lundi 4 avril 2022, à la demande d’énergie et de services – plutôt qu’à l’offre. Les chercheurs soulignent que les changements socioculturels et de modes de vie peuvent « accélérer » l’atténuation du dérèglement climatique.

Cet article est tiré du « Bilan du Monde », 2023. Ce hors-série est en vente dans les kiosques ou par Internet en se rendant sur le site de notre boutique.

« Réduire la demande a un impact sur la diminution des émissions de gaz à effet de serre, il était donc intéressant d’explorer ce levier, explique Nadia Maïzi, l’une des autrices du chapitre et chercheuse à Mines Paris-PSL. Nous avons essayé de prendre en compte des éléments liés aux comportements, aux modes de vie et aux usages, et de les mettre en lien avec le bien-être ou ce qui constitue un revenu minimal décent. »

Parmi une soixantaine d’actions individuelles, les auteurs du GIEC rappellent quelles sont les plus efficaces : préférer la marche ou le vélo à la voiture, réduire les déplacements en avion, ajuster la température de la climatisation, limiter le recours aux appareils électriques ou encore adopter un régime alimentaire moins carné. Ils précisent que les individus les plus aisés ont un potentiel important de réduction de leurs émissions, tout en conservant un niveau de vie décent.

Lire aussi : Rapport du GIEC : « Chaque émission de gaz à effet de serre évitée réduit le changement climatique et ses effets »

Pour être mises en œuvre, ces initiatives nécessitent à la fois de la « motivation » et une « capacité à changer » ; or la motivation des individus ou des ménages à modifier leurs habitudes de consommation d’énergie est généralement faible. Pour qu’elles aient lieu, ces initiatives doivent donc s’intégrer dans un changement structurel et culturel plus large.

Sobriété ou efficacité énergétique ?

Cette attention portée par le GIEC à la question de la demande fait écho aux débats actuels autour de la sobriété : en France, c’est ce terme qui englobe les enjeux liés aux comportements et aux usages des individus, ainsi qu’à l’organisation collective de la société et des modes de vies – ce mot n’est pas utilisé dans les pays anglo-saxons. La sobriété diffère de l’efficacité énergétique, qui mise sur l’amélioration technique des équipements (pour rendre le même service en consommant moins).

Si la notion est ancienne, les scientifiques puis les acteurs de l’énergie l’ont progressivement replacée au centre du débat dans un contexte d’urgence environnementale : plus le temps passe, plus l’équation pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050 est compliquée à résoudre, et plus il paraît nécessaire d’utiliser tous les leviers possibles.

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