
« Le grand enjeu est de parvenir à fortifier notre modèle sportif. » Cette phrase, la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), Amélie Oudéa-Castéra, l’a répétée à plusieurs reprises depuis sa nomination, en mai 2022. Elle traduit une réalité : alors que, à l’invite du président de la République, le gouvernement a saisi l’occasion de Paris 2024 pour mobiliser sur le développement de la pratique sportive, le « véhicule » traditionnel de cette dernière, le sport associatif, est fragilisé. Sa capacité à répondre aux différents défis auxquels il est confronté est questionnée. Tout comme la pérennité de son modèle, reposant sur le triptyque bénévolat, cotisations, subventions.
Avec 365 000 structures (dont 11 % sont employeuses) et 14,4 millions de licenciés à la fin de 2021, le monde associatif reste un « élément essentiel » de la pratique sportive, comme le notait le Centre de droit et d’économie du sport (CDES) dans une étude publiée en mai 2022. Mais ce modèle, hérité des années 1960, déjà chahuté avant la crise du Covid-19, a été un peu plus mis à mal par celle-ci. Il montre des « signes d’essoufflement » et est « remis en cause dans ses pratiques et sa gouvernance », relève Alain Tourdjman, directeur des études et de la prospective du groupe BPCE.
Cela se manifeste par l’érosion du bénévolat, le tassement du nombre de licenciés et la difficulté à répondre à l’évolution des pratiques (plus de sport bien-être et loisir, plus de flexibilité sur les horaires et tarifs…). A cela s’ajoutent les difficultés des collectivités locales, premiers soutiens financiers : leurs dépenses en faveur du sport ont gonflé de 1,5 milliard d’euros en 2022 (+ 12 %) sous l’effet de l’inflation, ce qui pourrait les conduire à contraindre leur engagement, selon une étude BPCE.
Le modèle associatif sportif tel qu’il existe depuis soixante ans a-t-il vécu ? Il se situe, en tout cas, à un moment charnière. « Pour sauver et conserver le modèle de base du sport auquel nous tenons » – le sport pour tous, accessible, lieu de socialisation –, « il faut changer plein de choses », avance David Lazarus, coprésident de la commission sport et JOP de l’Association des maires de France. « Les besoins de transformation, c’est dès maintenant », appuie Vincent Saulnier, secrétaire général de l’Association nationale des élus en charge du sport (Andes).
« On n’a pas perdu des milliers de clubs ! Le tissu associatif prend conscience des défis, tempère Sébastien Poirer, vice-président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), chargé de la transformation économique. Mais, oui, il faut que les clubs fassent leur révolution. » Auprès d’Amélie Oudéa-Castéra, la ministre des sports et des Jeux olympiques et paralympiques (JOP), on considère qu’« il y a possibilité d’évoluer sans faire table rase », insistant sur le fait que « professionnaliser » ce milieu associatif, « bousculé », est « au cœur de notre feuille de route ».
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