
Mars 2020, un événement surgit, qui bouleverse toutes les vies : le confinement. Du jour au lendemain, parce que se barricader chez soi est la seule solution pour échapper à un virus contre lequel on n’a ni médicament ni vaccin, les Français se retrouvent, dans un pays à l’arrêt, enfermés. C’est irréel et d’une violence inouïe, mais on n’a pas vraiment le temps d’y penser car il faut, dans l’urgence, tout organiser : l’école à la maison pour les enfants, le travail à domicile pour les parents, la vie quotidienne.
Tout ce qui se passait au-dehors se passe désormais dans la maison, qui doit contenir en permanence, quelle que soit sa surface, tous les membres de la famille et toutes leurs activités.
Quant à l’extérieur, il est devenu un territoire dont on ne peut plus arpenter chaque jour, et pour un temps limité, qu’une étendue elle aussi limitée, et que l’on regarde par la fenêtre, le nez collé à la vitre comme des enfants qui s’ennuient.
Une fois la liberté retrouvée, des milliers de gens, avides d’air et d’espace, n’auront plus – comment s’en étonner ? – qu’un rêve : repousser les limites ; trouver, à l’intérieur comme à l’extérieur, davantage d’espace pour leur vie. Rêve auquel les canicules ajouteront celui de fuir les grandes villes, que certains pensent, comme l’une de nos lectrices, « condamnées à devenir des îlots de chaleur géants où les humains vivraient calfeutrés dans des intérieurs climatisés ». De nombreux habitants de ces grandes villes essaieront donc de les quitter pour de moins grandes, aux prix plus abordables, et d’où l’on peut rejoindre plus facilement la campagne.
Aujourd’hui, nombre d’entre eux continuent à se féliciter de leur décision, mais d’autres la regrettent, et se disent déçus. Certains pour des raisons qu’ils énoncent clairement : ils sont partis vers un rêve, et la réalité dans laquelle ils sont arrivés, et qu’ils n’avaient peut-être pas étudiée d’assez près, n’est pas à l’image de ce rêve. Leur vie – personnelle ou professionnelle – dans cet « ailleurs » longtemps imaginé n’est pas à la hauteur de leurs attentes.
Mais les origines de la déception sont, pour d’autres, plus vagues : ils ne reprochent rien à leur nouvelle vie mais constatent seulement qu’elle ne les a pas libérés du mal-être qui les avait poussés à partir et, dès lors, s’interrogent.
Comment expliquer que, malgré leur changement de vie, leur malaise demeure ?
Les réponses à cette question sont évidemment particulières à chacun mais on peut dire, de façon générale, qu’un désir de changer de vie est toujours très complexe, et peut avoir surtout des fondements très différents.
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