Charles de Courson, la « mascotte » de l’Assemblée contre la réforme des retraites

Le député centriste de la Marne Charles de Courson, à l’Assemblée nationale, à Paris, le 16 février 2023.

Soudain, quand il se lève, le silence. Les regards se tournent vers le siège numéro 233, à l’avant-dernier rang, tout en haut de l’Hémicycle. Sec et ascétique, Charles Amédée de Courson porte son uniforme de tous les jours : un costume bleu sur un pull bleu, une cravate rouge. Ce 6 février, premier jour d’examen de la réforme des retraites à l’Assemblée nationale, le député de la Marne défend, au nom de six groupes d’opposition, une motion référendaire (consistant à organiser un référendum). Sur la forme, l’élu centriste juge « intolérable » que le gouvernement ait choisi une procédure d’urgence pour faire voter une réforme aussi délicate. « Un déni démocratique », s’époumone-t-il devant la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, pincée. Sur les bancs de la gauche, il est ovationné.

Ce vétéran du Palais-Bourbon – il détient le record de longévité, élu sans discontinuer depuis 1993 – est l’un des plus farouches opposants à la réforme qui fait « peser l’effort sur les plus modestes ». Il réclame aussi la fin du régime de retraite présidentiel (6 000 euros par mois) et la suppression des régimes spéciaux des parlementaires, au titre de l’« exemplarité ». « Pour la justice de cette réforme, excusez-moi, vous repasserez ! », maugrée-t-il en sucrant son thé, à la buvette de l’Assemblée, mardi 14 février.

Curieusement, le centriste, libéral et européen, a toujours été un contempteur sévère de la Macronie, dénonçant très tôt l’« amateurisme » des députés La République en marche (LRM, aujourd’hui Renaissance) et leur manque d’épaisseur politique. Quand on lui fait remarquer qu’il avait pourtant presque tout pour rejoindre Emmanuel Macron – il a même fait une école de commerce, l’Essec, avant l’ENA –, il manque de s’étrangler : « Vous plaisantez ? »

Les « péchés » du régime sont, à ses yeux, innombrables : « arrogance intellectuelle », « mépris » pour les corps intermédiaires et les collectivités territoriales, et absence de toute considération sociale. Il assure que l’actuel gouvernement est « le plus techno et homogène socialement » de la VRépublique. « La bourgeoisie a toujours vécu dans l’entre-soi », dit en soupirant ce descendant d’une haute lignée d’aristocrates fortunés.

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Une indépendance qui flirte avec la marginalité

S’il juge que la rhétorique opposant le « nouveau monde » à l’« ancien » est une « connerie », il est pourtant tentant de le rattacher à ce dernier. Député depuis trente ans, élu local depuis trente-sept ans, décentralisateur et soucieux des territoires, il n’a jamais adhéré au projet de la « start-up nation ». Ancien membre du Centre des démocrates sociaux (CDS), il est trésorier de l’Union pour la démocratie française (UDF) avant de rompre avec François Bayrou en 2007, quand le centriste refuse de choisir entre Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy pour le second tour de la présidentielle de 2012.

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