
Avec une certaine décontraction boudeuse, elle entre dans la salle vide de ce restaurant des abords de la place Vendôme, un casque de scooter à la main. Le lundi, c’est relâche. Alexia Duchêne s’installe sur la banquette et parle en toute liberté et avec une énergie communicative de son parcours express. Le CV de la cheffe de 27 ans compte dix fois plus de lignes qu’une de ses recettes. Elle ne se disperse pas ; elle répond à un insatiable appétit de rencontres et d’expériences. « Si je ne saisis pas maintenant la chance qui m’est donnée par la médiatisation, je n’en profiterai jamais », se défend-elle. Tout va vite, elle en profite.
Preuve de son envie de goûter à tout, elle s’est lancée il y a quelques mois dans l’aventure télévisuelle, avec la série documentaire « Alexia cuisine la France », diffusée sur Canal+. Elle revient à peine de deux tournages au Québec et en Martinique, à la rencontre de jeunes chefs locaux, de producteurs et d’ingrédients du terroir.
« Avant d’être fan de cuisine, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fan de restaurants. J’y allais avec mes parents trois à quatre fois par semaine ! » Alexia Duchêne
Devant un café, elle raconte sa mère anglaise, qui a grandi en Egypte, et son père français, qui a vécu en Californie. Aucun cuisinier professionnel dans son arbre généalogique, mais un goût certain pour la table et le partage. « Avant d’être fan de cuisine, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été fan de restaurants. J’y allais avec mes parents trois à quatre fois par semaine ! » Pas très scolaire, Alexia abandonne à 15 ans ses études en seconde générale et bifurque vers une filière professionnelle. Après avoir décroché son bac pro et passé un CAP pâtisserie à l’école Ferrandi, elle enchaîne au pas de course les résidences à Londres, Paris, Copenhague, Arles, au Taillevent, dans le groupe Alain Ducasse, chez Datsha Underground, au Wanderlust.
En 2017, elle rejoint Giovanni Passerini (élu cette année-là meilleur chef par le Fooding) et devient second de cuisine, son premier poste à responsabilité. Courtisée de toutes parts, Alexia change d’adresses comme de tabliers, au risque de donner le tournis aux critiques qui préfèrent la stabilité à l’aventure. N’être jamais là où on l’attend, une façon peut-être de ne pas se laisser emporter par le buzz médiatique. Car entre-temps, à 23 ans, elle a terminé demi-finaliste de la saison 10 de « Top Chef », le concours culinaire de M6. « Cette émission m’a donné confiance dans ma cuisine à un jeune âge. » Un âge où l’on n’avoue pas encore ses rêves de carrière. Alors elle continue son chemin, picorant encore d’autres savoir-faire, d’autres connaissances.
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