Chez Les Républicains, Eric Ciotti surprend son monde en destituant son numéro deux, Aurélien Pradié

Le président des Républicains, Eric Ciotti, avec Aurélien Pradié, le 14 février 2023, l’Assemblée nationale, à Paris.

Ere numérique oblige, les partis politiques tranchent aujourd’hui leurs différends dans des boucles WhatsApp. Les Républicains (LR) n’échappent pas à la règle. A 11 h 49 ce samedi, son président, Eric Ciotti, a informé le groupe de députés de sa décision de démettre Aurélien Pradié de ses fonctions de vice-président exécutif de la formation. « On a tous été un peu surpris par la nouvelle ce matin », avoue Isabelle Valentin, élue de la Haute-Loire. A commencer par le principal intéressé qui l’a appris par SMS peu avant, après avoir raté l’appel de son président.

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A 11 h 43, un communiqué de presse lapidaire entérinait cette décision. M. Ciotti reproche à son désormais ex-numéro deux « ses prises de position répétées plus conformes avec les valeurs de cohérence, d’unité et de rassemblement qui doivent guider la droite républicaine » et regrette une « aventure personnelle ». Entre le message WhatsApp et cette communication, le député du Lot a eu le temps de réaffirmer son indépendance. « Le seul sort qui compte, c’est celui des Français pour lesquels nous sommes engagés. Des convictions, ça se défend. Sans relâche », écrit sur Twitter celui qui court les plateaux et les matinales depuis un mois pour porter une voix dissonante de son parti sur la réforme des retraites.

A 36 ans, le troisième homme de l’élection pour la présidence de LR en décembre 2022 (22,2 %), défend l’idée d’une droite sociale, qui « parle à la France qui travaille quand notre parti s’est coupé des catégories populaires », n’hésitant pas à citer l’exemple de son jeune frère boulanger. A force, il est devenu le monsieur « carrières longues » des débats, réclamant que personne n’ait à cotiser plus de quarante-trois ans pour partir à taux plein.

Mais en interne, l’élu occitan en énerve plus d’un par son omniprésence médiatique et son opposition à la réforme des retraites, malgré l’accord de principe avec le gouvernement. A commencer par l’aile libérale et conservatrice du parti, incarnée par le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau. « Etre de droite, ce n’est pas être un peu moins à gauche que la gauche », critiquait-il la semaine dernière dans un entretien au Journal du dimanche.

Applaudi vendredi par les Insoumis à l’Assemblée

Eric Ciotti reconnaissait l’animosité palpable entre ses deux anciens adversaires pour la présidence du parti. « Il y a ce débat entre eux qui ne facilite pas les choses. Je gère dans ce contexte, une situation difficile », concédait-il jeudi matin au Monde. A ce moment-là, sa décision de sanctionner Aurélien Pradié était-elle prise ? « Aurélien a incontestablement du talent, mais il peut s’abîmer aussi dans ce positionnement qui en irrite certains et peut paraître pour eux comme très éloignés de nos fondamentaux. »

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