comprendre la bataille de chiffres autour des prévisions du COR

Lors d’une journée de manifestation à l’appel de l’intersyndicale contre la réforme des retraites, à Marseille, le 19 janvier 2023.

« Selon le rapport du COR » : le Conseil d’orientation des retraites (COR) est dans toutes les bouches pour commenter, justifier ou critiquer le projet de réforme des retraites du gouvernement. Pour certains, les prévisions du COR, publiées en septembre 2022, montrent l’urgence d’équilibrer un système dont le déficit va se creuser dans la décennie ; d’autres mettent en avant des futures dépenses plutôt stables qui ne justifient en rien une telle réforme.

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Chaque année, le COR, instance indépendante composée de parlementaires, de hauts fonctionnaires, de partenaires sociaux et d’experts, est chargée de « décrire les perspectives à moyen et long terme des régimes de retraite obligatoires au regard des évolutions économiques, sociales et démographiques ». Il publie un rapport de plus de 300 pages présentant les évolutions et les perspectives des retraites en France.

Mais il s’agit de projections économiques : elles dépendent de paramètres difficiles à anticiper des décennies en amont, et les résultats varient fortement selon les hypothèses retenues. Les Décodeurs vous expliquent la richesse de ces indicateurs, mais aussi leurs limites.

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Quel est l’état actuel du système des retraites ?

Vieillissement de la population, baisse de la natalité et départ à la retraite des baby-boomeurs mettent sous pression le système par répartition. Comment payer les pensions de retraités qui deviennent plus nombreux ? Au début des années 2000, on dénombrait 2,1 actifs cotisants pour 1 retraité ; il n’y en avait plus que 1,7 en 2020, et ce ratio descendra à 1,2 actif par retraité à l’horizon 2070, selon les prévisions de la Drees. Cette évolution démographique sera contrebalancée à moyen terme par l’augmentation de l’âge de départ à la retraite déjà prévue par les réformes passées.

En 2021, dernière année où les données sont disponibles, l’essentiel du financement du système (79 %) était assuré par les cotisations sociales des salariés et des employeurs – y compris l’Etat. Viennent ensuite des impôts et taxes, dont la CSG (12 %), des transferts d’autres organismes, comme l’assurance chômage ou la branche famille de la Sécurité sociale (7 %), et, enfin, 2 % de subventions de l’Etat pour équilibrer certains régimes spéciaux. Au total, pour l’Etat, les dépenses de retraite représentaient 23,4 % des dépenses publiques en 2021.

Depuis vingt ans, les dépenses du système de retraite ont progressé plus vite que la richesse produite en France : la hausse atteint deux points de pourcentage du PIB (avec un pic en 2020 car le PIB s’est contracté lors de la crise sanitaire).

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